“Du peuple qu’il a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve… De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire… et les sentiments vils, les lâches peurs, les criminels appétits, sans le décor, et, par conséquent, sans l’excuse de la richesse… L’âme toute salie, il traverse cet honnête monde bourgeois et rien que d’avoir respiré l’odeur mortelle qui monte de ces putrides cloaques, il perd, à jamais, la sécurité de son esprit, et jusqu’à la forme même de son moi… Au fond de tous ces souvenirs, parmi ce peuple de figures où il erre, fantôme de lui-même, il ne trouve à remuer que de l’ordure, c’est-à-dire de la souffrance… Il rit souvent, mais son rire est forcé. Ce rire ne vient pas de la joie rencontrée, de l’espoir réalisé, et il garde l’amère grimace de la révolte, le pli dur et crispé du sarcasme. Rien n’est plus douloureux et laid que ce rire ; il brûle et dessèche… Mieux vaudrait, peut-être, que j’eusse pleuré ! Et puis, je ne sais pas… Et puis, zut !… Arrivera ce qui pourra…”
Le journal d'une femme de chambre
Dernière mise à jour 21 mai 2020.
L'histoire
Thèmes
rencontres , vil , appétit , criminel , bourgeoise , conséquent , dire , souvenir , tout , mieux , mortel , mont , réalisateur , révolté , traversée , souffrance , bourgeois , décor , avoirOctave Mirbeau 74
romancier, essayiste et dramaturge, journaliste et critique… 1848–1917Citations similaires

Charles Péguy
(1873–1914) écrivain, poète et essayiste français
Basic Verities, Prose and Poetry (1943)