“La mémoire met des draps blancs aux lits qui ne serviront plus” Bernard Noël (1930) écrivain et poète français
“Quand vous regardez le plafond de cette chambre, qu'est-ce que vous y voyez?-L'intérieur de ma tête.-C'est comment?-Opaque.” Fred Vargas (1957) écrivain française
“Ce toit tranquille, où marchent des colombes,Entre les pins palpite, entre les tombes;Midi le juste y compose de feuxLa mer, la mer, toujours recommencéeO récompense après une penséeQu'un long regard sur le calme des dieux!” Paul Valéry (1871–1945) écrivain, poète et philosophe français Charmes ou poèmes (1922)
“Il pleut toujours. Et ce soir-là, après avoir reçu trois coups de fil silencieux, je casse un verre en le lançant contre le mur. Personne ne vient me demander ce qui se passe. Je m'allonge ensuite sur mon lit, prends vingt milligrammes de Valium pour accélérer la descente de coke, mais ça ne m'aide pas vraiment à dormir. J'éteins MTV, mets la radio, mais ne réussis pas à trouver KNAC, si bien que j'éteins la radio, regarde la Vallée, les néons et les tubes fluo sous le ciel pourpre nocturne et je reste là, nu, devant la fenêtre, à regarder les nuages défiler, puis je m'allonge sur mon lit et j'essaie de me rappeler depuis combien de temps je suis de retour à la maison et puis je me lève, arpente ma chambre, allume une autre cigarette en attendant la sonnerie du téléphone. Voila à quoi ressemblent les nuits quand il pleut.” Bret Easton Ellis livre Moins que zéro Citations de l'auteur, Moins que zéro, 1985
“Les livres sont la plus grande contradiction des barreaux. Ils ouvrent le plafond de la cellule du prisonnier allongé sur son lit.” Erri De Luca livre I pesci non chiudono gli occhi I pesci non chiudono gli occhi
“La bohême a disparu […]. Aujourd'hui les artistes crèvent en banlieue dans des chambres de bonnes au bord du suicide et les décideurs sont entre eux avec des putes ukrainiennes à s'arroser de champagne.” Alain Soral (1958) polémiste et essayiste français Art
“Mon idéal, ce serait de travailler tranquille, de manger toujours du pain, d’avoir un trou un peu propre pour dormir, vous savez un lit, une table et deux chaises, pas davantage…” Émile Zola Les Rougon-Macquart Les Rougon-Macquart, L'Assommoir, 1878
“Mathilde : Tu ne dors pas; je reconnais la respiration d'un dormeur. As-tu déjà traversé, la nuit, une chambre où l'on dort? Fatima, si tu veux te dégoûter des hommes, glisse-toi dans leur chambre, regarde-les et écoute-les dormir. À quoi sert-il qu'ils s'habillent comme des bourgeois dans la journée, alors que la moitié de leur vie ils la passent étalés comme des cochons dans la mare, inconscients, sans contrôle d'eux-mêmes, plus vides d'esprit qu'un tronc d'arbre qui dérive sur le fleuve, avec, diit-on, l'œil qui tourne dans son orbite à pleine vitesse; et, au réveil, ils en perdent le souvenir. Cette heure de la nuit est effrayante, où l'humanité entière sue dans les draps, où des milliers de personnes, à la même heure, rotent, crachent, grincent des dents, soupirent les yeux fermés, digèrent, digèrent, raclent leur gorge, la bouche grande ouverte vers le plafond. Ils ont bien raison de s'enfermer pour dormir. Tout homme devrait porter, chaque jour, la honte de sa nuit passée, la honte de l'abandon du sommeil.” Bernard-Marie Koltès (1948–1989) auteur dramatique fr Le Retour au désert (1988)
“À la nuit tombée, j'allais porter mes draps au lavomatique dans un grand sac en plastique. Je m'asseyais et je les regardais tourner. Ces soirées me paraissaient irrémédiablement perdues; c'est pourtant lors de l'une d'entres elles que je rencontrai Dora.” Clément Bénech (1991) écrivain et journaliste français Ouvrages, Lève-toi et charme (2015)
“Jean Myers lâcha à table quelques-unes de ses plaisanteries favorites sur le clergé et les dogmes; Zénon se souvenait de les avoir jadis trouvées divertissantes; elles lui parurent maintenant assez plates; toutefois, […] il se dit à part soi qu'en un temps où la foi portait à la fureur, le scepticisme au gros sel du bonhomme avait bien son prix; pour lui, plus avancé dans la voie qui consiste à tout nier, pour voir si l'on peut ensuite réaffirmer quelque chose, à tout défaire, pour regarder ensuite tout se refaire sur un autre plan ou à une autre guise, il ne se sentait plus capable de ces risées faciles.” Marguerite Yourcenar livre L'Œuvre au noir L'Œuvre au noir, 1968