Raymond Abellio:
Homme
Raymond Abellio était écrivain français et philosophe gnostique..
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Raymond Abellio:
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“Aujourd’hui, dans un siècle voué au raisonnement et qui a inventé la pensée pour tous, les gens ne savent plus supporter le silence, et ils sont emportés par le fleuve des mots de convention, dont chaque individu, paradoxalement, mésuse à sa façon sous la forme opaque d’un bavardage universel qui n’exprime rien de réel et procède même d’une véritable schizophrénie collective. Il conviendra, bien entendu, de dégager le sens positif de cette schizophrénie, car elle en a forcément un, et de voir comment et pourquoi, par quel "progrès", on passe par exemple de l’hébétude de mon grand-père maternel à l’excitation verbeuse de l’homme d’aujourd’hui, stimulé et drogué par l’information.”
“L’homme ne devient réellement homme et ne connaît sa seconde naissance, la seule qui soit vraiment la sienne, que lorsque tous les objets s’éloignent de lui, – et je n’en excepte surtout pas ceux de l’art et ceux de l’amour, – et que cessant de leur confier son embryon de conscience, mais au contraire le retenant à soi, devenant conscient de sa conscience même dans sa forme pure, vidée, désappliquée de tout objet, il se met à cultiver en lui-même ce génitif intensificateur qui le fait entrer, par le seul et vrai recommencement radical, dans un monde entièrement nouveau d’existence, où les objets d’ailleurs ne sont pas perdus mais transfigurés.”
“[…] il m’arrive de penser que la terre où je marche, plus sensible que nous mais voilée à nos yeux par notre poussière, s’est imprégnée dans ses profondeurs, des siècles durant, de ces images ignorées de nous, et qu’un jour peut-être des hommes au regard rénové ou munis d’instruments étranges sauront les lire et se pencheront, pensifs, sur elles. A quelques dizaines de mètres à peine de l’avenue à grand trafic, ces lieux sont tranquilles, presque déserts. Rien n’y bouge, on y respire un air immobile, le même, semble-t-il, depuis des siècles. Mais nos yeux ne savent pas reconnaître les signes enfouis.”