“Je répète que si la technique nous dispense de faire le point, de sonder, de pomper, d'épisser, de calfater, de ramer, que sais-je encore, elle arrivera bien à nous offrir des ouragans climatisés, à régler le tribord amure sur œil électronique, à enregistrer les caps sur microsillage, à nous ôter enfin la barre des mains pour nous satisfaire d'une plaisance téléguidée. C'est alors qu'un esprit hardi réinventera la navigation à voile.” Jacques Perret (écrivain) (1901–1992) écrivain français Rôle de plaisance, 1957
“Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n'en connaîtrez jamais la profondeur. Parcourez-le, décrivez-le : quelque soin que vous mettiez à le parcourir, à le décrire; quelques nombreux et intéressés que soient les explorateurs de cette mer, il s'y rencontrera toujours un lieu vierge, un antre inconnu, des fleurs, des perles, des monstres, quelque chose d'inouï, oublié par les plongeurs littéraires.” Honoré de Balzac livre Le Père Goriot Le Père Goriot, 1835 fleur , mer
“Rechercher ses précurseurs, ce n'est pas se livrer à une misérable tâche de caractère juridique ou policier; c'est sonder les mouvements, les tâtonnements, les aventures, les intuitions et les prémonitions de l'esprit humain.” Jorge Luis Borges (1899–1986) écrivain argentin de prose et de poésie Essais recherche , livres
“Un lac est le trait le plus beau et le plus expressif du paysage. C'est l'œil de la terre, où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature.” Henry David Thoreau livre Walden ou la Vie dans les bois Walden, ou la vie dans les bois (1854) nature
“Ô vous qui avez bu à la coupe d'ivresse, vous vous plaignez qu'elle se soit brisée dans vos mains, et que les éclats de son pur cristal vous aient fait des blessures inguérissables! Âmes lâches! cœurs pusillanimes! n'insultez pas à votre infortune, elle est sacrée. Vous êtes les élus du destin; vous avez approché Dieu autant qu'il est donné à la faiblesse humaine; vous avez sondé, dans vos joies et dans vos douleurs, dans vos désespoirs et dans vos extases, tout le mystère de la vie.” Marie d'Agoult livre Nélida Roman, Nélida, 1866 blessure , désespoir , vie , Dieu
“Le coeur de l'homme est un abîme de souffrance dont la profondeur n'a jamais été sondée et ne le sera jamais.|précisions = Lettre de Lélia à Trenmor.” George Sand livre Lélia Lélia, version de 1833 hommes , Souffrance
“Elle s'astreignit à se souvenir du froid glacial et du silence qui régnait, de cette sensation sans prix d'être les maîtres de la Terre, d'avoir vingt ans et toute la vie devant soit, de s'aimer en paix, grisés par l'odeur des bois et de l'amour, sans passé, sans avenir à sonder, avec pour seule et extraordinaire richesse celle de l'instant présent où ils se contemplaient, se humaient, s'embrassaient, se découvraient l'un l'autre dans le murmure du vent parmi les branches et la proche rumeur des vagues déferlant contre les rochers au pied des falaises puis explosant dans un tonnerre d'écume odorante, elle et lui enlacés sous un même poncho comme deux siamois dans la même peau, riant et se jurant que ce serait pour toujours, convaincus d'être les seuls dans tout l'univers à avoir découvert l'amour.” Isabel Allende livre La Maison aux esprits The House of the Spirits
“En ce qui concerne les impasses de la théologie — auxquelles les incroyants ont le droit d'être sensibles — nous devons avoir recours à la métaphysique afin d'élucider le fond du problème. Les apparentes "absurdités" qu'impliquent certaines formulations s'expliquent avant tout par la tendance volontariste et simplificatrice inhérente à la piété monothéiste, d'où a priori la réduction des mystères suprêmes — relevant du Principe divin suprapersonnel — au Principe divin personnel. C'est la distinction entre le Sur-Être et l'Être, ou entre la « Divinité » et « Dieu » (Gottheit et Cott) en termes eckhartiens; ou encore, en termes védantins : entre le Brahma « suprême » (Para-Brahtm) et le Brahnia « non-suprême » (Apara-Brahma). Or en théologie sémitique monothéiste, le Dieu personnel n'est pas conçu comme la projection du pur Absolu; au contraire, le pur Absolu est considéré — dans la mesure où on le pressent — comme l'Essence de cet Absolu déjà relatif qu'est le Dieu personnel; c'est toujours celui-ci qui est mis en relief et qui est au centre et au sommet. Il en résulte des difficultés graves au point de vue de la logique des choses, mais « inaperçues » au point de vue de la crainte et de l'amour de Dieu : ainsi, la Toute-Possibilité et la Toute-Puissance appartiennent en réalité au Sur-Être; elles n'appartiennent à l'Être que par participation et d'une façon relative et unilatérale, ce qui décharge le Principe-Être d'une certaine « responsabilité » cosmologique. En parlant, plus haut, d'apparentes « absurdités », nous avions en vue surtout l'idée d'un Dieu à la fois infiniment puissant et infiniment bon qui crée un monde rempli d'imperfections et de calamités, y compris un Enfer éternel; seule la métaphysique peut résoudre ces énigmes que la foi impose au croyant, et qu'il accepte parce qu'il accepte Dieu; non par naïveté, mais grâce à un certain instinct de l'essentiel et du surnaturel. C'est précisément la perte de cet instinct qui a permis au rationalisme d'éclore et de se répandre; la piété s'affaiblissant, l'impiété pouvait s'affirmer. Et si d'une part le monde de la foi comporte incontestablement de la naïveté, d'autre part le monde de la raison manque totalement d'intuition intellectuelle et spirituelle, ce qui est autrement grave; c'est la perte du sacré et la mort de l'esprit. Au lieu de discuter vainement sur ce que Dieu « veut » ou ne « veut pas », les théologiens répondent volontiers, et avec raison, par une fin de non-recevoir : qui es-tu, homme, pour vouloir sonder les motivations de ton Créateur? Dieu est incompréhensible, et incompréhensibles sont ses volontés; ce qui, au point de vue de la mâyâ terrestre, est la stricte vérité, et la seule vérité que l'humanité à laquelle le Message religieux s'adresse, soit capable d'assimiler avec fruit. Assimilation plus morale qu'intellectuelle; on ne prêche pas le platonisme aux pécheurs en danger de perdition, pour lesquels la réalité, c'est le monde « tel qu'il est ».” Frithjof Schuon livre La Transfiguration de l’Homme (1995). The Transfiguration of Man