“Et il me raconta qu'une fois on avait attrapé mon frère au moment où il s'introduisait dans une maison de La Perla. Un flic qui passait par là tira son revolver et lui dit en le menaçant : « En route pour le commissariat, à cinq mètres devant moi, ou je te descends, espèce de voleur! » Mon frère, avec un culot monstre, éclata de rire et lui dit : « T'as pas bu, des fois? J'entre ici pour me pieuter avec la cuisinière. Si tu veux t'en assurer, t'as qu'à mettre la main dans ma poche, et tu verras. » Le flic hésita un bon moment, mais la curiosité fut plus forte et il s'approcha. Il lui mit le revolver sur l'œil et tout en fouillant dans sa poche il lui disait : « Si tu bouges d'un millimètre, je te crève l'œil. Tu en meurs ou tu restes borgne, alors du calme. » Quand il retira la main il tenait une liasse de billets. Mon frère rit et lui dit : « Tu es un cholo et moi de même, nous sommes frères. Garde cet argent et laisse-moi filer. Je viendrai voir la cuisinière une autre fois. »” Mario Vargas Llosa (1936) écrivain péruvien et espagnol, auteur de romans et d'essais politiques La Ville et les chiens , 1963 rire , argent , foi , maison
“Dans le commissariat où je suis, y’en a au moins quatre qui boivent pas. C’est comme dans tous les troupeaux, il y a des brebis galeuses.” Coluche (1944–1986) humoriste et comédien français Music-hall, Le flic
“(…) sa vie devenait une répétition monotone (…) il ne s'agissait pas de faire un choix radical (…) mais de rompre le ronron fastidieux de ses journées; il ne s'agissait pas de tel ou tel parcours jusqu'au commissariat ou du commissariat à chez lui, mais de sa propre vie. Il parvint à la conclusion qu'il avait perdu simultanément son passé et son avenir et qu'il cherchait le sens du présent.” Luiz Alfredo Garcia-Roza (1936) Une fenêtre à Copacabana Sens
“Un soir, en sortant d'un cinéma, je fus arrêté dans la rue par des policiers qui me crachèrent au visage et me firent monter sous les coups dans un fourgon blindé. Il était rempli d'Algériens taciturnes, qui eux aussi avaient été cueillis avec coups et crachats dans les bistrots du quartier.Comme les agents qui nous avaient arrêtés, ils croyaient eux aussi que j'étais algérien. De sorte que nous passâmes la nuit ensemble, serrés comme des sardines dans une cellule du commissariat le plus proche, tandis que les policiers, en manches de chemise, parlaient de leurs enfants et mangeaient des tranches de pain trempées dans du vin. Les Algériens et moi, pour gâcher leur plaisir, nous veillâmes toute la nuit en chantant les chansons de Brassens contre les excès et l'imbécillité de la force publique". (1955)entretien pour El Pais” Gabriel García Márquez (1927–2014) écrivain colombien