“De nos jours, tout le monde veut paraître intelligent; on aimerait mieux être taxé de criminel que de naïf, si cela pouvait se faire sans risques. Mais comme l'intelligence ne se tire pas du vide, on a recours à des subterfuges : l'un des plus courants est la manie de la "démystification", qui permet d'avoir l'air intelligent à peu de frais, car il suffit de dire que la réaction normale vis-à-vis de tel phénomène est un "préjugé" et qu'il est grand temps de le présenter en dehors de la "légende"; si on pouvait soutenir que l'océan est un étang et l'Himalaya une colline, on le ferait. Il est impossible à certains auteurs de se borner à constater, comme tout le monde l'a fait avant eux, que telle chose ou tel homme eut telles qualités et tel destin; il faut toujours commencer par faire remarquer qu'"on a trop dit que…" et que la réalité est tout autre, et qu'on l'a enfin découverte, et qu'auparavant tout le monde était dans le "mensonge". On applique ce stratagème surtout à des choses évidentes et universellement connues; ce serait par trop naïf sans doute de reconnaître en deux mots qu'un lion est un carnivore et qu'il n'est pas tout à fait sans danger.”

Light on the Ancient Worlds

Dernière mise à jour 4 juin 2021. L'histoire
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Frithjof Schuon 173
métaphysicien, théologien et philosophe suisse 1907–1998

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“Un mot sur la « libre-pensée », ou plus précisément sur l’obligation quasi morale qui est faite à tout homme de « penser par lui-même » : cette exigence n’est nullement conforme à la nature humaine, car l’homme normal et vertueux, en tant que membre d’une collectivité sociale et traditionnelle, se rend compte en général des limites de sa compétence. De deux choses l’une : ou bien l’homme est exceptionnellement doué sur tel ou tel plan, et alors rien ne peut l’empêcher de penser d’une manière originale, ce qu’il fera d’ailleurs en accord avec la tradition — dans les mondes traditionnels qui seuls nous intéressent ici— précisément parce que son intelligence lui permet de saisir la nécessité de cet accord; ou bien l’homme est d’intelligence moyenne ou médiocre, sur un plan quelconque ou d’une façon générale, et alors il s’en remettra aux jugements de ceux qui sont plus compétents que lui, et c’est là dans son cas la chose la plus intelligente à faire. La manie de détacher l’individu de la hiérarchie intellectuelle, c’est-à-dire de l’individualiser intellectuellement, est une violation de sa nature et équivaut pratiquement à l’abolition de l’intelligence, et aussi des vertus sans les quelles l’entendement réel ne saurait s’actualiser pleinement. On n’aboutit ainsi qu’à l’anarchie et à la codification de l’incapacité de penser.”

The Transfiguration of Man

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“Comme la plupart des hommes peu intelligents et de muscles développés, il est d’une grande timidité.”

Octave Mirbeau (1848–1917) romancier, essayiste et dramaturge, journaliste et critique d'art français

Le journal d'une femme de chambre

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