“Tacite se moquait des Germains qui tentaient d'arrêter un torrent avec leur boucliers; ce n'est pourtant pas plus naïf que de croire à l'émigration planétaire, ou de croire à l'installation, avec des moyens purement humains, d'une société humaine définitivement satisfaite et parfaitement inoffensive, et continuant indéfiniment à progresser. Tout cela prouve que l'homme, s'il est forcément devenu moins naïf pour certaines choses, n'a pourtant rien appris quant à l'essentiel, pour dire le moins; la seule chose dont l'homme livré à lui-même soit capable, c'est de "faire les péchés les plus anciens de la manière la plus nouvelle", comme dirait Shakespeare. Et le monde étant ce qu'il est, ce n'est sans doute pas commettre un truisme que d'ajouter qu'il vaut mieux aller naïvement au Ciel que d'aller intelligemment en enfer.”

Light on the Ancient Worlds

Dernière mise à jour 4 juin 2021. L'histoire
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Frithjof Schuon 173
métaphysicien, théologien et philosophe suisse 1907–1998

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“La culture humaniste, en tant qu’elle fait fonction d’idéologie et partant de religion, consiste essentiellement à ignorer trois choses : premièrement, ce qu’est Dieu, car elle ne lui accorde pas la primauté; deuxièmement, ce qu’est l’homme, car elle le met à la place de Dieu; troisièmement, ce qu’est le sens de la vie, car cette culture se borne à jouer avec les choses évanescentes et à s’y enfoncer avec une criminelle inconscience. En définitive, il n’y a rien de plus inhumain que l’humanisme du fait qu’il décapite pour ainsi dire l’homme : voulant en faire un animal parfait, il arrive à en faire un parfait animal; non dans l’immédiat – car il a le mérite fragmentaire d’abolir certains traits de barbarie – mais en fin de compte, puisqu’il aboutit inévitablement à « rebarbariser » la société, tout en la « déshumanisant » ipso facto en profondeur. Mérite fragmentaire, avons-nous dit, car l’adoucissement des mœurs n’est bon qu’à condition de ne pas corrompre l’homme, de ne pas déchaîner la criminalité ni d’ouvrir la porte à toutes les perversions possibles. Au xixe siècle on pouvait encore croire à un progrès moral indéfini; au xxe siècle ce fut le réveil brutal, il fallut se rendre à l’évidence qu’on ne peut améliorer l’homme en se contentant de la surface tout en détruisant les fondements.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

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