“« Pourquoi tu n'arrêtes pas? » demanda Jed. Son père le regarda sans réagir, avec une expression d'incompréhension totale.
« Je veux dire que tu as gagné pas mal d'argent. Tu pourrais certainement te retirer, profiter un peu de la vie. » Son père le fixait toujours, comme si les mots n'arrivaient pas à son esprit, ou qu'il ne parvenait pas à leur donner un sens, puis au bout d'au moins une minute il demande : « Mais qu'est-ce que je ferais? », et sa voix était celle d'un enfant égaré.”

La Carte et le territoire

Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire
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Michel Houellebecq 134
écrivain français 1956

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“Le Roi des Aulnes

Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent?
C'est le père avec son enfant;
Il serre le petit garçon dans son bras,
Il le serre bien, il lui tient chaud.

« Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage?
— Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes?
Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne?
— Mon fils, c'est un banc de brouillard.

— Cher enfant, viens, pars avec moi!
Je jouerai à de très beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mère possède de nombreux habits d'or.

— Mon père, mon père, et n'entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse?
— Sois calme, reste calme, mon enfant!
C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.

— Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi?
Mes filles s'occuperont bien de toi
Mes filles mèneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses.

— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre?
— Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.

— Je t'aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force.
— Mon père, mon père, maintenant il m'empoigne!
Le Roi des Aulnes m'a fait mal! »

Le père frissonne d'horreur, il galope à vive allure,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant,
Il arrive à grand-peine à son port;
Dans ses bras l'enfant était mort.”

Charles Nodier (1780–1844) écrivain romancier et académicien français
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“Un fils encore enfant est toujours un peu un miroir déformant pour son père.”

Franz Werfel (1890–1945) écrivain autrichien

Le Passé Ressuscité, 1928

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“En amour, les femmes sont toujours un peu incestueuses; elles aiment toujours un peu le mari plus âgé comme un père, le plus jeune comme un fils.”

Arthur Schnitzler (1862–1931) romancier et médecin autrichien

La Transparence impossible, 1967

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