“Pour juger exactement la qualité de bonheur d’un monde passé, il faudrait pouvoir se mettre à la place des hommes qui y ont vécu et adopter leur manière d’évaluer les choses. […] Bien des choses dont nous avons pris l’habitude leur apparaîtraient comme des contraintes intolérables auxquelles ils préféreraient tous les risques de leur milieu; rien que la laideur et l’atmosphère de trivialité du monde actuel leur sembleraient le plus sombre des cauchemars. L’histoire comme telle ne saurait rendre compte pleinement de l’âme d’une époque lointaine : elle enregistre surtout les calamités et laisse de côté tous les facteurs statiques de bonheur; on dit que le bonheur n’a pas d’histoire, et cela est profondément vrai. Les guerres et les épidémies, — pas plus que certaines mœurs ne reflètent évidemment pas les aspects heureux de la vie de nos ancêtres, comme le font, en revanche, les œuvres artistiques et littéraires.”

Caste e Razze

Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire
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Frithjof Schuon 173
métaphysicien, théologien et philosophe suisse 1907–1998

Citations similaires

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“Le monde a vécu l'événement du 11 septembre moins comme l'inscription dans le réel de quelque chose d'insensé, donc d'impossible, que comme l'irruption du possible dans l'impossible.”

Jean-Pierre Dupuy (1941) ingénieur et philosophe français

Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain, 2002

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“Qu’est-ce qui peut seul être notre doctrine? — Que personne ne donne à l’homme ses qualités, ni Dieu, ni la société, ni ses parents et ses ancêtres, ni lui-même (— le non-sens de l’« idée », réfuté en dernier lieu, a été enseigné, sous le nom de « liberté intelligible par Kant et peut-être déjà par Platon). Personne n’est responsable du fait que l’homme existe, qu’il est conformé de telle ou telle façon, qu’il se trouve dans telles conditions, dans tel milieu. La fatalité de son être n’est pas à séparer de la fatalité de tout ce qui fut et de tout ce qui sera. L’homme n’est pas la conséquence d’une intention propre, d’une volonté, d’un but; avec lui on ne fait pas d’essai pour atteindre un « idéal d’humanité », un « idéal de bonheur », ou bien un « idéal de moralité », — il est absurde de vouloir faire dévier son être vers un but quelconque. Nous avons inventé l’idée de « but » : dans la réalité le « but » manque… On est nécessaire, on est un morceau de destinée, on fait partie du tout, on est dans le tout, — il n’y a rien qui pourrait juger, mesurer, comparer, condamner notre existence, car ce serait là juger, mesurer, comparer et condamner le tout…Mais il n’y a rien en dehors du tout! — Personne ne peut plus être rendu responsable, les catégories de l’être ne peuvent plus être ramenées à une cause première, le monde n’est plus une unité, ni comme monde sensible, ni comme « esprit » : cela seul est la grande délivrance, — par là l’innocence du devenir est rétablie… L’idée de « Dieu » fut jusqu’à présent la plus grande objection contre l’existence… Nous nions Dieu, nous nions la responsabilité en Dieu : par là seulement nous sauvons le monde.”

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“Considérer toujours les hommes au pouvoir comme des choses dangereuses.”

Simone Weil (1909–1943) philosophe française

La Pesanteur et la Grâce, 1947

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