“Tant que Hugo a été jeune, ces erreurs de goût, ces crudités pouvaient sembler des inadvertances d'un enfant sublime, mais qui aime un peu trop le gros et le rouge; mais aujourd'hui que c'est un homme fait, cela persiste et augmente, s'incruste en lui de plus en plus : il n'aura jamais de maturité.»” Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804–1869) critique littéraire et écrivain français Mes Poisons, 1926, Concernant Victor Hugo
“Hugo a du grossier et du naïf (je l'ai dit souvent, et je le redis ici d'après une personne qui le connaît encore mieux que moi). Juliette [Drouet] vieillie le garde par ses flatteries basses auxquelles il est pris. L'acteur Frédérick l'avait dit dès le premier jour : «Elle le prendra en lui disant : Tu es grand! Et elle le gardera en lui disant: Tu es beau! Il y va chaque jour parce qu'il a besoin de s'entendre dire : Tu rayonnes, et elle le lui dit. Elle le lui écrit jusque dans ses comptes de cuisine qu'elle lui soumet (car avec cela il est ladre),» et elle prend note ainsi : «Reçu de mon trop chéri…, reçu de mon roi…, de mon ange, de mon beau Victor, etc. tant pour le marché, — tant pour le blanchissage — quinze sous qui ont passé par ses belles mains, etc.»” Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804–1869) critique littéraire et écrivain français Mes Poisons, 1926, Concernant Victor Hugo
“Hugo croit les hommes et le monde plus bêtes en vérité qu'ils ne le sont. Le monde est malin. Lui, le jeune et illustre Caliban, il y est pris, il le sera toujours. Son orgueil lui bouche la fenêtre. Les Girardin le flattent, l'exaltent, l'accaparent : cela me fait l'effet d'une pêche à la baleine; ils le pêcheront.” Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804–1869) critique littéraire et écrivain français Mes Poisons, 1926, Concernant Victor Hugo
“Le goût de la liberté, la mode et le culte du bonheur du plus grand nombre, dont le XIXe siècle s'est entiché, n'étaient à ses yeux qu'une hérésie qui passera comme les autres.” Stendhal livre La Chartreuse de Parme La Chartreuse de Parme (The Charterhouse of Parma) (1839)
“Que ne sait-il choisir ses gens? La marche ordinaire du XIXe siècle est que, quand un être puissant et noble rencontre un homme de cœur, il le tue, l'exile, l'emprisonne ou l'humilie tellement, que l'autre a la sottise d'en mourir de douleur.” Stendhal livre Le Rouge et le Noir Le Rouge et le Noir (The Red and the Black) (1830)
“Racisme : le mot, appliqué à des attitudes mentales antérieures au XIXe siècle, a longtemps choqué. […] Je me souviens d'un philosophe […] expliquant à la fin des années 1970 que parler de racisme avant le triomphe, au XIXe siècle, de l'État-nation (comme si celui-ci était l'unique cause de celui-là) "relevait de l'anachronisme". […] Grâce à des travaux plus récents et plus approfondis (tels que, en France, ceux de Léon Poliakov), deux points au moins ont été éclaircis. D'abord, même si le mot "racisme" est un mot du XXe siècle, et même si les grandes doctrines racistes structurées comme des systèmes scientifiques datent du XIXe siècle, c'est dans les théories biologiques (ou pseudo-biologiques) du XVIIIe siècle que ces doctrines s'enracinent. Ensuite, c'est dans un fonds fort ancien de croyances "naturalistes" (communes, dès la fin du Moyen Age, au peuple et aux lettrés) que ces théories, à leur tour, trouvent leurs racines. […] Le racisme antinoir des Européens est donc déjà solidement constitué lorsque Colomb aborde aux rivages d'Amérique. C'est pour cette raison que les conquistadores éprouvent si peu de difficultés (et si peu de remords) à introduire l'esclavage dans le Nouveau-Monde.” Christian Delacampagne (1949–2007) philosophe français Une histoire de l'esclavage, 2002
“Ce fut un naïf, un naïf sublime, resté sur le seuil du temple, à genoux devant des cierges qu’il prenait de loin pour des étoiles.” Émile Zola livre La Fortune des Rougon La Fortune des Rougon
“Étonnante médiocrité intellectuelle de Napoléon. Ce grand homme est le père de tous les lieux communs du XIXe siècle et plus ils sont abjects, plus leur extraction est sensible.” Léon Bloy (1846–1917) romancier et essayiste français Écrit intime, Le Mendiant ingrat, 1898
“victor hugo, Les Contemplations, MorsJe vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,Noir squelette laissant passer le crépuscule.Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.Et les triomphateurs sous les arcs triomphauxTombaient; elle changeait en désert Babylone,Le trône en échafaud et l'échafaud en trône,Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être.Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître? -Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas;Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats;Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre;Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombreUn troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit;Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.Derrière elle, le front baigné de douces flammes,Un ange souriant portait la gerbe d'âmes.” Victor Hugo (1802–1885) écrivain français
“Mais attention! Surtout, qu'il n'y ait ici nul malentendu. Je n'ai pas la sottise de penser que la nation qui a produit Rabelais et Hugo, Montaigne et Pascal, Stendhal et Baudelaire soit particulièrement déficiente en fait d'intelligence littéraire (encore que sur la question du maoïsme, certains représentants de l'élite intellectuelle française aient effectivement battu un record mondial de stupidité). Non, ce que je veux dire est tout autre.” Simon Leys (1935–2014) sinologue et essayiste belge Le Studio de l'inutilité