“J’allais ouvrir la bouche et aborder cette fille, quand quelqu’un me toucha l’épaule. Je me retournai, surpris, et j’aperçus un homme d’aspect ordinaire, ni jeune ni vieux, qui me regardait d’un air triste.
— Je voudrais vous parler, dit-il.
Je fis une grimace qu’il vit sans doute, car il ajouta :
— « C’est important. »
Je me levai et le suivis à l’autre bout du bateau :
— « Monsieur, reprit-il, quand l’hiver approche avec les froids, la pluie et la neige, votre médecin vous dit chaque jour : « Tenez-vous les pieds bien chauds, gardez-vous des refroidissements, des rhumes, des bronchites, des pleurésies. » Alors vous prenez mille précautions, vous portez de la flanelle, des pardessus épais, des gros souliers, ce qui ne vous empêche pas toujours de passer deux mois au lit. Mais quand revient le printemps avec ses feuilles et ses fleurs, ses brises chaudes et amollissantes, ses exhalaisons des champs qui vous apportent des troubles vagues, des attendrissements sans cause, il n’est personne qui vienne vous dire : « Monsieur, prenez garde à l’amour! Il est embusqué partout; il vous guette à tous les coins; toutes ses ruses sont tendues, toutes ses armes aiguisées, toutes ses perfidies préparées! Prenez garde à l’amour!… Prenez garde à l’amour! Il est plus dangereux que le rhume, la bronchite et la pleurésie! Il ne pardonne pas, et fait commettre à tout le monde des bêtises irréparables. » Oui, monsieur, je dis que, chaque année, le gouvernement devrait faire mettre sur les murs de grandes affiches avec ces mots : « Retour du printemps. Citoyens français, prenez garde à l’amour; » de même qu’on écrit sur la porte des maisons : « Prenez garde à la peinture! » — Eh bien, puisque le gouvernement ne le fait pas, moi je le remplace, et je vous dis : « Prenez garde à l’amour; il est en train de vous pincer, et j’ai le devoir de vous prévenir comme on prévient, en Russie, un passant dont le nez gèle. »
Je demeurai stupéfait devant cet étrange particulier, et, prenant un air digne :
— « Enfin, monsieur, vous me paraissez vous mêler de ce qui ne vous regarde guère. »
Il fit un mouvement brusque, et répondit :
— « Oh! monsieur! monsieur! si je m’aperçois qu’un homme va se noyer dans un endroit dangereux, il faut donc le laisser périr?”

Dernière mise à jour 8 novembre 2022. L'histoire

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“Je suis un sceptique. Je ne veux pas qu'on me fasse prendre des vessies pour des lanternes. Je ne veux pas qu'on m'impose de croire à quoi que ce soit. Et j'essaye d'appliquer mon intelligence et mon expérience aux jugements sur les éléments en ma possession. Quand on me dit qu'un avion a percuté le Pentagone et qu'on ne trouve ni sièges, ni réacteurs, ni queue, ni roues, ni rien, je me dis quand même que c'est un avion fantôme! Quand on me dit qu'il y avait trois mille morts dans la "tour infernale", et qu'on n'a trouvé que trois cents cadavres, je me dis qu'il en manque deux mille sept cents… Mais je sais qu'il est tout à fait dangereux de dire ça (…)”

Jean-Marie Le Pen (1928) homme politique français

fr
A une question d'un journaliste lui demandant sa lecture du 11 septembre.
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Variante: Je suis un sceptique. Je ne veux pas qu'on me fasse prendre des vessies pour des lanternes. Je ne veux pas qu'on m'impose de croire à quoi que ce soit. Et j'essaye d'appliquer mon intelligence et mon expérience aux jugements sur les éléments en ma possession. Quand on me dit qu'un avion a percuté le Pentagone et qu'on ne trouve ni sièges, ni réacteurs, ni queue, ni roues, ni rien, je me dis quand même que c'est un avion fantôme! Quand on me dit qu'il y avait trois mille morts dans la "tour infernale", et qu'on n'a trouvé que trois cents cadavres, je me dis qu'il en manque deux mille sept cents… Mais je sais qu'il est tout à fait dangereux de dire ça

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