“J'ai bien touché ici la contradiction que je ne saurais point résoudre. Car la grandeur de l'homme n'est pas faite de la seule destinée de l'espèce : Chaque individu est un empire.

Quand la mine s'est éboulée, et s'est refermée sur un seul mineur, la vie de la cité est suspendue. Les camarades, les enfants, les femmes demeurent sur place, dans l'angoisse, tandis que les sauveteurs, sous leurs pieds, fouillent de leur pic les entrailles de la terre. […] Il ne s'agit pas de sauver un termite parmi les termites de la termitière, mais une conscience, mais un empire dont l'importance ne se mesure point. Sous le crâne étroit de ce mineur que des madriers ont pris au piège, repose un monde. Des parents, des amis, un foyer, la soupe chaude du soir, des chansons pour les jours de fête, des tendresses et des colères, et peut-être même un élan social, un grand amour universel. Comment mesurer l'homme ?”

Un sens à la vie, 1956, Espagne ensanglantée, L'Intransigeant, août 1936

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 11 juin 2021. L'histoire
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Antoine de Saint-Exupéry 50
aviateur et écrivain français 1900–1944

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“Or si jamais un rêve avait été impraticable et insensé, c’était celui-ci : sauver la machine échouée sur les Douvres. Envoyer travailler sur ces roches un navire et un équipage serait absurde; il n’y fallait pas songer. C’était la saison des coups de mer; à la première bourrasque les chaînes des ancres seraient sciées par les crêtes sous-marines des brisants, et le navire se fracasserait à l’écueil. Ce serait envoyer un deuxième naufrage au secours du premier. Dans l’espèce de trou du plateau supérieur où s’était abrité le naufragé légendaire mort de faim, il y avait à peine place pour un homme. Il faudrait donc que, pour sauver cette machine, un homme allât aux rochers Douvres, et qu’il y allât seul, seul dans cette mer, seul dans ce désert, seul à cinq lieues de la côte, seul dans cette épouvante, seul des semaines entières, seul devant le prévu et l’imprévu, sans ravitaillement dans les angoisses du dénûment, sans secours dans les incidents de la détresse, sans autre trace humaine que celle de l’ancien naufragé expiré de misère là, sans autre compagnon que ce mort. Et comment s’y prendrait-il d’ailleurs pour sauver cette machine? Il faudrait qu’il fût non seulement matelot, mais forgeron. Et à travers quelles épreuves! L’homme qui tenterait cela serait plus qu’un héros. Ce serait un fou.”

Roman, Les Travailleurs de la mer, 1866

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