“Parfois, entre minuit et une heure, Solange s'absentait mais j'étais sûr de la retrouver le matin dans sa chemise pailletée. Je ne sais encore que penser de son sommeil et peut-être ne fit-elle jamais que s'éveiller à mes côtés. Sous le toit de verdure frémissante partagée entre les échos nocturnes, dans la cheminée refleurissait la fraise des quatre-saisons. Solange avait toujours l'air de sortir d'une redoute. La terrible impersonnalité de nos rapports excluait si bien toute jalousie que les grands verres d'eau teintés des disparitions ne s'attiédissaient jamais. Plus tard seulement j'ai compris l'extraordinaire faiblesse de ces fameux tours de magie blanche.”

— André Breton

L'Année des chapeaux rouges partie II Coutumière du fait, André Breton, Littérature Nouvelle Série, 3, Mai 1922, 13
L'Année des chapeaux rouges, 1922

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

Thèmes

sommeil , eau , rapports , pensée , jalousie , chemin , matin , heure , côté , rapport , air , saison , bien-être , être , tour , verre , grand , pluie , chemise , toit , minuit , entrée , faiblesse , disparition , verdure , sou , tout , sortir , magie , teinte , seul , écho , partage , fraise , redoute

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André Breton 309

poète et écrivain français 1896–1966

Citations similaires

“Je ne sais ni entrer ni sortir.. je suis tout ce qui ne sait ni entrer ni sortir.”

Friedrich Nietzsche (1844–1900) philologue, philosophe et poète allemand

“On peut juger une race sur l'allure de ses femmes. C'est le meilleur test. Je regardai le visage de Mlle Baldwin, encadré par deux nattes blondes : même masque d'immobilité heureuse que celui du vieux guerrier. Il était quatre heures de l'après-midi lorsqu'ils commencèrent à tourner. A quatre heures du matin, lorsque je les quittai, ils tournaient toujours. Aucun d'entre eux, ni M. le banquier, ni M. le directeur, n'étaient encore revenus sur terre.”

Jean Raspail livre Journal Peau-Rouge

Journal Peau-Rouge, 1975

“Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un
spectre de plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction,
face à face avec moi misérable, et me secouant de ses deux mains de glace
quand je veux détourner la tête ou fermer les yeux. Elle se glisse sous
toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un refrain
horrible à toutes les paroles qu’on m’adresse, se colle avec moi aux grilles
hideuses de mon cachot, m’obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif,
et reparaît dans mes rêves sous la forme d’un couteau.”

Victor Hugo (1802–1885) écrivain français

“Avec la musique j'ai lié partie pour une seconde seulement et maintenant je ne sais plus que penser du suicide car, si je veux me séparer de moi-même, la sortie est de ce côté et, j'ajoute malicieusement : l'entrée, la rentrée de cet autre côté.”

André Breton (1896–1966) poète et écrivain français

Poisson soluble, 1924

“La joie est peut être aussi vive; mais elle entre ne moins avant; elle éveille un écho moins retentissant dans mon coeur. Ah! Pouvoir ignorer que la vie rétrécit devant moi sa promesse… Mon coeur ne bat pas moins fort qu'à vingt ans.”

André Gide livre Voyage au Congo

Travels in the Congo

“Une lime d'ivoire que je ramassai à terre fit instantanément s'ouvrir autour de moi un certain nombre de mains de cire qui restèrent suspendues en l'air avant de se poser sur des coussins verts. Les moyens me manquaient, on l'a vu, pour interroger le souffle de la morte. Solange n'avait pas paru de la nuit et pourtant cette femme ne lui ressemblait pas à l'exception des petits souliers blancs dont la semelle au point d'insertion des orteils présentait d'imperceptibles hachures comme celles des danseuses.”

André Breton (1896–1966) poète et écrivain français

L'Année des chapeaux rouges partie II Coutumière du fait, André Breton, Littérature Nouvelle Série, 3, Mai 1922, 14
L'Année des chapeaux rouges, 1922

“- "Les trois ours arrivent dans la chambre et Boucle d'Or se réveille. Elle a peur et s'enfuit de la maison." Fin. Bon allez il est tard, maintenant dodo.
Alice - Et elle va où, Boucle d'Or?
- Ben on sait jamais, les ours ne l'ont jamais revue dans leur maison.
- Peut-être qu'elle s'est perdue dans la forêt?
- C'est possible. Maintenant, il est tard, au dodo!
- Papa! Et si Boucle d'Or, elle est perdue dans la forêt, peut-être qu'elle a faim?
- Alice! Il est presque dix heures! Demain, il y a école.
- Oui, mais Boucle d'Or…
- Boucle d'Or, elle est morte! Les ours l'ont retrouvée grelottant de froid au matin et ils l'ont bouffée. Ca lui apprendra à entrer chez des inconnus et à se servir comme si elle était chez elle. Sous prétexte qu'elle a de jolis cheveux, elle peut se conduire comme une délinquante? Non mais sans blague! Bien fait pour sa gueule!”

Guy Delisle (1966) auteur et dessinateur de bandes dessinées

“La souveraineté se forme toujours par en dessous, par la volonté de ceux qui ont peur. De sorte que, malgré la coupure qui peut apparaître entre les deux grandes formes de république (celle d'institution née par rapport mutuel, et celle d'acquisition née de la bataille), entre l'une et l'autre apparaît une identité profonde de mécanismes. Qu'il s'agisse d'un accord, d'une bataille, d'un rapport parents/enfants, de toute façon l'on retrouve la même série : volonté, peur et souveraineté.”

Michel Foucault (1926–1984) philosophe français

« Il faut défendre la société » — Cours au Collège de France, 1976, Cours du 4 février 1976

“J'ai vu la grande France s'écrouler en quelques semaines. Je ne l'ai jamais oublié. Prenez les puissants d'aujourd'hui, toujours entre deux avions privés et trois conseils d'administration, avec des rémunérations faramineuses. Leur monde peut imploser en quarante-huit heures. Et combien d'entre eux se réfugieront sous la table, tremblants de peur, à essayer de sauver leur peau?”

Hélie de Saint Marc (1922–2013) officier français

Toute une vie

“Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!”

Paul Valéry (1871–1945) écrivain, poète et philosophe français

Charmes ou poèmes (1922)

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