“Mon travail n'était pas un travail d'érudition, ce n'était pas un « cours » poli comme une boule de billard, ni une œuvre académique, universitaire, mais un travail militant […].
J'avais accepté cette série de cours dans une université comme Vincennes avec pour objectif précis de refléter en Occident la pensée de Gramsci, une pensée qui nous offre le plus grand nombre d'indications théoriques et politiques pour développer la lutte idéologique, pour ouvrir, donc, le front de la « troisième ligne » (comme dit Engels) du combat contre le capitalisme, et pour rapprocher de nous, idéologiquement, la révolution culturelle à travers la conception de « l'hégémonie » : la Révolution culturelle non comme un événement stéréotypé ou mécaniquement imité, mais comme expérience de greffe sur l'arbre de notre pensée marxiste. […].
Les dernières pages que j'avais laissées sur mon bureau concernaient l'essai de Gramsci sur les intellectuels, et sur l'influence idéologique que l'hégémonie bourgeoise exerce à travers ses propres intellectuels, les grands intellectuels, les intellectuels traditionnels, auxquels il faut opposer les « intellectuels organiques » du prolétariat, pour faire du prolétariat une classe idéologiquement hégémonique avant même d'être dominante.”

Pour Gramsci

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 11 juin 2021. L'histoire
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Maria-Antonietta Macciocchi 16
femme politique 1922–2007

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Cette traduction est en attente de révision. Est-ce correct?
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“Nous avons fait à Vincennes un travail collectif sur, c'est-à-dire, contre le fascisme : éléments d'une analyse nouvelle, soutenue par des sciences elles aussi re-nouvelées, dans une réalité ré-actualisée. Nous nous sommes aperçus que ces questions dépassaient les murs d'une université française : c'est l'homme de la rue qui est concerné avec son ignorance et son pressentiment du fascisme.
Urgence politique, plus qu'historique ? Oui, dans un certain sens. Après 1968, les jeunes générations se sont aperçues que la fascisme n'avait pas disparu avec la guerre mondiale et la défaite militaire. […] Cette génération n'a pas vu surgir la révolution mais la contre-révolution, et le fascisme lui est apparu comme le danger du présent et non comme le spectre du passé. D'un coup, elle s'est aperçue qu'elle était démunie d'éléments d'analyse. Qu'est-ce que le fascisme ? Pourquoi le mouvement ouvrier a-t-il échoué face au fascisme ? Comme Gramsci s'interrogeait lui-même : « Pourquoi avons-nous perdu ? » Quel a été le véritable impact populaire du fascisme ? Quels chemins emprunte-t-il pour rallier le consensus des masses ? Quelles pulsions peuvent amener les hommes à agir contre leurs propres intérêts, y compris économiques ? Jusqu'à quel point n'a-t-il pas représenté la convergence sinistre d'une acceptation (résignée ou non) des masses avant tout petites-bourgeoises, et non seulement la confluence des éléments les plus réactionnaires d'une dictature capitaliste ? […]
Il me semble que la validité de ce travail théorique est déterminée par sa confrontation avec l'explosion d'une vitalité révolutionnaire que, depuis 1968, il devient de plus en plus difficile d'étouffer : reconnaissance de la théorie marxiste, de la libre discussion et du libre-débat d'une stratégie révolutionnaire, comprenant aussi bien : la libération de la femme, la politisation de la question sexuelle, la contraception, le divorce, la mise en question du système psychiatrique et pénitentiaire, le développement parmi les jeunes d'une nouvelle sensibilité, de nouveaux désirs qui témoignent d'un refus de plus en plus radical de la société capitaliste. Explosion qui pose sous d'autres formes la question de comprendre l'immense refoulement qui est à la base du fascisme. […]”

Maria-Antonietta Macciocchi (1922–2007) femme politique

Eléments pour une analyse du fascisme

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