“Grandgrousier
Toute leur vie estoit employée non par loix, statuz ou reigles, mais selon leur vouloir et franc arbitre. Se levoient du lict quand bon leur sembloit : beuvoient, mangeoient, travailloient, dormoient quand le desir leur venoit. Nul ne les esveilloit, nul ne les parforceoit ny à boyre ny a manger, ny à faire chose aultre quelconques. Ainsi l'avoit estably Gargantua. En leur reigle n'estoit que ceste clause. Fay ce que vouldras. Parce que gens liberes, biens nez, bien instruictz, conversans en compaignies honnestes ont par nature un instinct, et aiguillon, qui tousjours les poulse à faictz vertueux, et retire du vice, lequel ilz nommoient honneur.”

fr
Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur libre arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Et toute leur règle tenait en cette clause : Fais ce que tu voudras. Parce que les gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un aiguillon qu'ils appellent honneur et qui les pousse toujours à agir vertueusement et les éloigne du vice.
Œuvre, Gargantua

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire
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François Rabelais 41
auteur français du 16e siècle 1494–1553

Citations similaires

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“O que troys et quatre foys heureulx dont ceulx qui plantent chous. O Parces que ne me fillastez vous pour planteur de Chous? O que petit est le nombre de ceulx à qui Juppiter a telle faveur porté, qu'il les a destinez a planter chous. Car ilz ont tousjours en terre un pied : l'aultre n'est jamais loing. Dispute de felicité et bien souverain qui vouldra, mais quiconques plante Chous est præsentement par mon decret declairé bien heureux, à trop meilleure raison que Pyhrron estant en pareil dangier que nous sommes, et voyant un pourceau prés le rivaige qui mangeoit de l'orge espandu, le declaira bien heureux en deux qualitez, sçavoir est qu'il avoit orge à foison, et d'abondant estoit en terre. Ha pour manoir deificque et seigneurial il n'est qur le plancher des vaches.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
O qu'is sont trois et quatre fois heureux ceux qui plantent des choux ! O Parques, pourquoi ne m'avoir pas tissé une vie de planteur de choux ? O qu'il est petit le nombre de ceux à qui Jupiter accorda une telle ferveur, être destiné à planter des choux. Car ils ont toujours un pied à terre, l'autre n'est jamais loin. Débat de la félicité et du souverain bien qui voudra, mais quiconque plante choux est à présent par mon décret déclaré bienheureux, et ce avec la raison suprême que Pyrrhon, étant dans un danger pareil au nôtre, et voyant un pourceau près du rivage qui mangeait de l'orge répandu, le déclara bien heureux pour deux motfis, à savoir son orge à foison, et plus encore le fait qu'il sur terre ferme. Ah, pour manoir déifique et seigneurial, il n'est que le plancher des vaches.
Première attestation de l'expression terminant la dernière phrase.
Œuvre, Quart Livre

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“Mais la calumnie de certains Canibales, misanthropes, agelastes, avoit tant contre moy esté atroce et desraisonnée, quelle avoit vaincu ma patience : et plus n'estoit deliberé en escrire un Iota. Car l'une des moindres contumelies dont ilz usoient, estoit, que telz livres tous estoient farciz d'heresies diverses : n'en povoient toutes fois une seulle exhiber en endroict aulcun : de folastrerie joyeuses hors l'offence de Dieu, et du Roy, prou (c'est le subjet et theme unicque d'iceilx livres) d'heresies poinct : sinon perversement et contre tout usaige de raison et de languaige commun, interpretans ce que à poine de mille fois mourir, si autant possible estoit, ne vouldrois avoir pensé : comme qui pain, interpretroit pierre : poisson, serpent : œuf, scorpion.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
Mais la calomnie de certains cannibales, misanthropes, agelastes, avait était si atroce et déraisonnée à mon encontre, qu'elle avait vaincu ma patience ; et je ne désiré plus écrire un iota. Car l'une de leurs moindre injures était que de tels livres étaient farcis d'hérésies diverses : ils ne pouvaient toutefois en dévoiler aucune et nulle part, beaucoup de folatries joyeuses sans offense de Dieu et du Roi (c'est l'unique thème et sujet de ces livres) mais non d'hérésies, sauf à interpréter de travers, contre tout usage de la raison et de la langue commune, interprétations pour lesquelles j'aurais préféré mille fois mourir plutôt que de les avoir pensé, si cela était possible : lisait pierre à la place de pain, le serpent pour le poisson, le scorpion pour l'œuf.
Rabelais s'adresse à Odet de Coligny, cardinal de Chatillon, à qui il doit le privilège royal de 1550. Ses ennemis à qui il fait référence ici sont soit Putherbe, Calvin ou les théologiens de la Sorbonne. Agelaste veut dire dépourvu de rire.
Œuvre, Quart Livre

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“Lors demandasmes à maistre Aeditue veu la multiplication de ces venerables oiseaux en toutes leurs especes, pourquoy là n'estoit qu'un Papegaut. Il nous respondit que telle estoit l'institution premiere, et fatale destinée des estoilles.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
Au regard de la multiplication des oiseaux vénérables quelqu'en soit l'espèce, nous demandâmes à Maître Aeditue pourquoi n'y avait-il qu'un seul Papegaut. Il nous répondit que telle était l'institution originelle, et la fatale destinée des étoiles.
Œuvre, Cinquième Livre

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“Soubdain, je ne sçay comment, le cas feut subit, je ne eut loisir le consyderer. Panurge sans aultre chose dire jette en mer son mouton criant et bellant. Tous les aultres moutons crians et bellans en pareille intonation commencerent soy jecter et saulter en mer aprés la file. La foulle estoit à qui le premier y saulteroit aprés leur compaignon. Possible n'estoit les en guarder. Comme vous sçavez estre du mouton le naturel, tous jours suyvre le premier, quelque part qu'il aille. Aussi le dict Aristoteles lib. 9 de histo. animal. estre le plus sot et inepte animant du monde.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
Soudain, je ne sais comment cela est arrivé, je n'eus le temps de l'observer, Panurge, sans rien ajouter, jette son mouton, criant et bêlant, dans la mer. Tous les autres moutons criant et bêlant d'une même intonation commencèrent à se jeter et sauter dans la mère successivement. Le troupeau se disputait la première place pour sauter après leur compagnon. Impossible de les en empêcher. Comme vous savez être dans la nature du mouton de suivre le premier, quelque part, où qu'il aille. Ainsi Aristote, dans Histoire des animaux, liv. 9, le dit être le plus sot et inepte être animé du monde.
Œuvre, Quart Livre

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“J'achète un Cinnabon… à l'aéroport où j'ai atterri… Vous comprenez à quel point c'est encore plus écœurant, pas vrai? Parce que quand vous êtes dans l'aéroport d'où vous décollez, tu peux dire « bon, je dois bien manger quelque chose, parce que j'ai quand même une chance d'être coincé dans le ciel pour toujours, donc je dois manger maintenant. » Mais moi, j'avais atterri. Le voyage est terminé. Je suis à 20 minutes de chez moi, où j'ai des bananes et des pommes. Et j'était assis sur ma valise en train de manger ce putain de Cinnabon avec des couverts!”

Louis C.K. (1967) acteur et humoriste américain

I'm buying a Cinnabon … at the airport … I arrived at. You understand why that's extra disgusting, right? Because when you're at the airport you're leaving from, you can say, "Oh, I gotta eat. I need some food, because I might be trapped in the sky forever, so I should eat right now." But I've landed. The trip is over. I'm 20 minutes from my house, where I got bananas and apples and shit. And I'm sitting on my luggage just fucking eating a Cinnabon with a fork and knife.
en
Chewed Up (2008)

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“Grandgrousier
Le temps n'est plus d'ainsi conquestez les royaulmes avecques dommaige de son prochain frere christian, ceste imitation des anciens Hercules, Alexandres, Hannibalz, Scipions, Cesars et aultres telz est contraire à la profession de l'evangile, par lequel nous est commandé, guarder, saulver, regir et administrer chascun ses pays et terres non hostilement envahir les autres. Et ce que les Sarrazins et Barbares jadis appelloient prouesses, maintenant nous appellons briguanderies, et mechansetez.”

François Rabelais (1494–1553) auteur français du 16e siècle

fr
Le temps n'est plus de conquérir les royaumes en détruisant son prochain, son frère chrétien, cette imitation des anciens Hercule, Alexandre, Hannibal, Scipion, César et semblables : agir comme tel est contraire à l'enseignement de l'évangile par lequel nous est commandé par, garder, sauver, régir et administrer chacun ses pays et terres, non envahir les autres avec hostilité. Ce que les Sarrasins et les Barbares appelèrent jadis prouesses, maintenant nous l'appelons pillages et malfaisance.
Œuvre, Gargantua

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“Les gens disent « mon téléphone est pourri. » Non, il est pas pourri! Le téléphone le plus nul du monde est un miracle. Ta vie, elle, elle est pourrie.”

Louis C.K. (1967) acteur et humoriste américain

People say 'my phone sucks.' No it doesn't! The shittiest cellphone in the world is a miracle. Your life sucks. Around the phone.
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Hilarious (2011)

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“Moi, je ne descends pas de mon drakkar. Ça fait cinquante ans que je suis en France et donc je suis Française. Ce n'est pas parce que je soulève ce qui pour moi est un vrai problème qu'on doit me discréditer et penser que ce que je dis est nul et non avenu, parce que je ne serais pas assez française”

Eva Joly (1943) personnalité politique française

En réponse aux propos de François Fillon : « Je pense que cette dame n'a pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l'histoire française. Les forces armées françaises concourent au bon fonctionnement de la démocratie dans notre pays et c'est normal de leur rendre hommage.

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