“Vivre dans l’embarras, c’est vivre à la hâte : le repos allonge la vie. Le monde nous dérobe à nous-mêmes, et la solitude nous y rend. Le monde n’est qu’une troupe de fugitifs d’eux-mêmes.” Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles (1647–1733) femme de lettres et salonnière française Traité de la Vieillesse, 1732
“[L]e vrai bonheur ne nous incline que fort rarement aux aventures de l’esprit. Les écrivains et les artistes, sans faire mention des philosophes, sont mécontents d’eux-mêmes ou du monde, à moins que ce ne soit d’eux-mêmes et du monde” Albert Caraco (1919–1971) Ma confession (1975)
“Cette recommandation (Aime ton prochain comme toi-même) paraît, à première vue, irréprochable mais à voir ce que la plupart des gens font de leur vie, à voir ce qu'ils font de leur intelligence, je n'ai pas envie qu'ils m'aiment comme eux-mêmes.” Amin Maalouf livre Le Périple de Baldassare Balthasar's Odyssey
“Nous voyons les mêmes étoiles que les morts et l'odeur qui monte de la terre est le fantôme de toutes ses fleurs” Bernard Noël (1930) écrivain et poète français
“La peste, c'est le moment où le quadrillage d'une population se fait jusqu'à son point extrême, où rien des communications dangereuses, des communautés confuses, des contacts interdits ne peut plus se produire. Le moment de la peste, c'est celui du quadrillage exhaustif d'une population par un pouvoir politique, dont les ramifications capillaires atteignent sans arrêt le grain des individus eux-mêmes, leur temps, leur habitat, leur localisation, leur corps.” Michel Foucault (1926–1984) philosophe français Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975, Cours du 15 janvier 1975
“Pourquoi ces gens qui, à vingt ans, se sont battus avec un courage qui a forcé l'admiration du monde entier et de l'ennemi lui même, pourquoi ont-ils l'air maintenant de se moquer de leur pays, de ne tenir à rien n'y personne qu'à eux mêmes? Pourquoi, ayant donné leur vie pour rien, vendent-ils à présent leur âme pour des francs-papier?” Irène Némirovsky livre Les Feux de l'automne Les Feux de l'automne, 1957
“L’extraordinaire de notre condition d'homme n'est pas cette intelligence que nous nous sommes composée nous-mêmes, que nous dirigeons comme un rayon à notre gré, croyons-nous (car toujours l'inconnu la réfracte). L'extraordinaire est notre puissance de mélange, cette partie divine de nous-mêmes, toujours insoumise, et qui fait de nous l'expression du monde.” Jean Giono (1895–1970) écrivain français Les vraies richesses, 1936
“Le monde moderne est un soulèvement contre Platon.” Nicolás Gómez Dávila (1913–1994) Les Horreurs de la démocratie
“Personne ne semble ému de laisser dans la mort tant de possibles qui nous effleurent, nous éventent dans leur fuite, qui pourraient être nous, le plus beau de nous-mêmes et qui ne seront jamais.” Marie Lenéru (1875–1918) auteur dramatique et romancière Journal (1945)