“Souvent, ses collègues s'étonnaient de me voir derrière lui, vêtu de noir, avec mes papillotes qui dépassaient de mon grand chapeau sombre à large bord, et ma mine timide, presque effarouchée. Ils ne comprenaient pas comment un fils pourait être aussi différent de son père, sans savoir combien, dans le fond, j'était identique à lui, en ressemblant à tout ce qu'il n'était pas. Avec mon chapeau et mon petit psautier qui jamais ne me quittait, je remplissais tous les vides de mon père. J'étais son parfait complément; j'étais les habits qu'il avait laissés derrière lui en les enlevent. Ou peut-être même étais-je sa vraie peau et il n'avait emporté que ses habits, oubliant de prendre son propre corps. Pour un fils, j'étais son passé, tout en étant son future. Mon père n'avait ni barbe ni chapeau, et il portait des pantalons ordinaires avec des chemises à carreaux. Mais il n'était pas gêné de me présenter, moi, son fils, un hassid, un orthodoxe. Les professeurs semblaient se demander qui était la couverture de l'autre, et ils devaient penser que nous étions un curieux couple.”

Qumran , 1996

Adopté de Wikiquote. Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“Le Roi des Aulnes

Quel est ce chevalier qui file si tard dans la nuit et le vent?
C'est le père avec son enfant;
Il serre le petit garçon dans son bras,
Il le serre bien, il lui tient chaud.

« Mon fils, pourquoi caches-tu avec tant d'effroi ton visage?
— Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes?
Le Roi des Aulnes avec sa traîne et sa couronne?
— Mon fils, c'est un banc de brouillard.

— Cher enfant, viens, pars avec moi!
Je jouerai à de très beaux jeux avec toi,
Il y a de nombreuses fleurs de toutes les couleurs sur le rivage,
Et ma mère possède de nombreux habits d'or.

— Mon père, mon père, et n'entends-tu pas,
Ce que le Roi des Aulnes me promet à voix basse?
— Sois calme, reste calme, mon enfant!
C'est le vent qui murmure dans les feuilles mortes.

— Veux-tu, gentil garçon, venir avec moi?
Mes filles s'occuperont bien de toi
Mes filles mèneront la ronde toute la nuit,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses.

— Mon père, mon père, et ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes dans ce lieu sombre?
— Mon fils, mon fils, je vois bien :
Ce sont les vieux saules qui paraissent si gris.

— Je t'aime, ton joli visage me charme,
Et si tu ne veux pas, j'utiliserai la force.
— Mon père, mon père, maintenant il m'empoigne!
Le Roi des Aulnes m'a fait mal! »

Le père frissonne d'horreur, il galope à vive allure,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant,
Il arrive à grand-peine à son port;
Dans ses bras l'enfant était mort.”

Charles Nodier (1780–1844) écrivain romancier et académicien français
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