“Il recula un peu, gêné d'être là. L'inconnue, en entrant, leva instinctivement les yeux vers lui. Il la vit. Son cœur battit.Elle était belle.” Abel Bonnard (1883–1968) homme politique, écrivain, essayiste et poète français Ouvrages, Le Palais Palmacamini (1914)
“Je ne sais pas pourquoi il l'appelait petite salle d'attente, peut-être qu'il avait quelque part une grande salle d'attente où on pouvait attendre encore plus longtemps et c'est bon pour l'espoir.” Romain Gary (1914–1980) écrivain et diplomate français L'angoisse du roi Salomon, 1979
“Il vida son bain en perçant un trou dans le fond de la baignoire. Le sol de la salle de bains, dallé de grès cérame jaune clair, était en pente et orientait l'eau vers un orifice situé juste au-dessus du bureau du locataire de l'étage inférieur. Depuis peu, sans prévenir Colin, celui-ci avait changé son bureau de place. Maintenant, l'eau tombait sur son garde-manger.” Boris Vian livre L'Écume des jours L'Écume des jours, 1947
“Ses élèves attendent en rangs, dans le couloir, devant la porte de sa classe. Partout ailleurs dans le collège, on court, on s'interpelle, on bouscule les chaises et les tables, on envahit l'espace, on sature le volume sonore; Pierre, lui, attend que les rangs se forment, puis il ouvre la porte, regarde garçons et filles entrer un par un, échange par-ci par-là un « bonjour » qui va de soi, referme la porte, se dirige à pas mesurés vers son bureau, les élèves attendant, debout derrière leurs chaises. Il les prie de s'asseoir, et commence : « Bon, Karim, où en étions-nous? » Son cours est une conversation qui reprend là où elle s'est interrompue.” Daniel Pennac livre Chagrin d'école Chagrin d'école, 2007
“On dit perds pas l'espoir mais faire quoi quand un sale faire-part, dit que ton père part d'un cancer. De toute façon c'est ça ou autre chose. Il y a mille façons d'être soustrait de laisser les joues arrosées.” Oxmo Puccino (1974) rappeur franco-malien Mourir 1000 fois
“« Il ne faut pas s'incliner devant les circonstances et laisser les vérités derrière la porte. » Il ne faut pas s'incliner devant les circonstances…” Jerzy Popiełuszko (1947–1984) prêtre catholique polonais Le chemin de ma croix
“Le capitalisme est un être particulièrement rusé doté d'un tas de qualités dont la plus remarquable à mes yeux est un manque absolu de vergogne. A ses yeux, rien n'est saint, rien n'est sacré; pas plus l'heure de la mort que le jour du jugement, la maison de deuil ou la tente de l'exil, la chevalerie ou le patriotisme, la féminité ou le veuvage; rien n'échappe à ses sales petits tripatouillages. Tout ce qui compte pour lui, c'est de mettre au régime celui qui travaille afin de lui faire rendre le maximum. Et tout comme on voit des collecteurs d'impôts glisser un pied insolent dans l'embrasure de la porte du taudis où ils ont affaire, les capitalistes, eux, sont toujours prêts à enfoncer un coin boueux partout où il se trouve une fente dans une maisonnée en train de se fissurer ou une fêlure dans un cœur en train de se briser.” Gilbert Keith Chesterton (1874–1936) écrivain, journaliste, poète, illustrateur, apologiste catholique et biographe anglais Utopie des usuriers, 1917
“Votre douleur est ce par quoi se brise la coquille de votre entendement. Et comme il faut que le noyau du fruit se rompe pour que le cœur du fruit s'offre au soleil, ainsi vous faut-il connaître la douleur.” Khalil Gibran (1883–1931) poète et peintre libanais (The Prophet, 1923)
“Il faut mettre son cœur dans l'art, son esprit dans le commun du monde, son corps où il se trouve bien, sa bourse dans sa poche, son espoir nulle part.” Gustave Flaubert (1821–1880) romancier et auteur dramatique français Correspondance
“Dans l'établissement de bains, deux femmes très belles et sévèrement maquillées avaient retenu une heure auparavant la cabine la plus luxueuse et, comme elles s'attendaient à ne pas être seules, il avait été convenu qu'au premier signal (en l'espèce une fleur japonaise, de dimensions inaccoutumées, qui s'ouvrirait dans un verre d'eau) un alezan scellé se tiendrait derrière la porte.” André Breton (1896–1966) poète et écrivain français Poisson soluble, 1924