“Nul ne songerait à se plaindre de l’adoucissement des mœurs, mais il convient néanmoins de le considérer, non pas isolément, mais dans son contexte, car celui-ci en révèle l’intention, la portée et la valeur. En réalité, l’adoucissement des mœurs - dans la mesure où il n’est pas illusoire - ne peut être une supériorité intrinsèque qu’à deux conditions, à savoir, premièrement, qu’il soit un avantage concret pour la société, et deuxièmement, que son prix ne soit pas ce qui donne un sens à la vie; le respect de la personne humaine ne doit pas ouvrir la porte à la dictature de l’erreur et de la bassesse, à l’écrasement de la qualité par la quantité, à la corruption générale et à la perte des valeurs culturelles, sans quoi il n’est, par rapport aux tyrannies antiques, que l’excès contraire et non la norme. Quand l’humanitarisme n’est plus que l’expression d’une surestimation de l’humain aux dépens du divin, ou du fait brut aux dépens de la vérité, il ne saurait avoir la valeur d’une acquisition positive; il est facile de critiquer le « fanatisme » de nos ancêtres quand on n’a même plus la notion d’une vérité salvatrice, ou d’être « tolérant » quand on se moque de la religion.”

Light on the Ancient Worlds

Dernière mise à jour 22 mai 2020. L'histoire
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Frithjof Schuon 173
métaphysicien, théologien et philosophe suisse 1907–1998

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“La culture humaniste, en tant qu’elle fait fonction d’idéologie et partant de religion, consiste essentiellement à ignorer trois choses : premièrement, ce qu’est Dieu, car elle ne lui accorde pas la primauté; deuxièmement, ce qu’est l’homme, car elle le met à la place de Dieu; troisièmement, ce qu’est le sens de la vie, car cette culture se borne à jouer avec les choses évanescentes et à s’y enfoncer avec une criminelle inconscience. En définitive, il n’y a rien de plus inhumain que l’humanisme du fait qu’il décapite pour ainsi dire l’homme : voulant en faire un animal parfait, il arrive à en faire un parfait animal; non dans l’immédiat – car il a le mérite fragmentaire d’abolir certains traits de barbarie – mais en fin de compte, puisqu’il aboutit inévitablement à « rebarbariser » la société, tout en la « déshumanisant » ipso facto en profondeur. Mérite fragmentaire, avons-nous dit, car l’adoucissement des mœurs n’est bon qu’à condition de ne pas corrompre l’homme, de ne pas déchaîner la criminalité ni d’ouvrir la porte à toutes les perversions possibles. Au xixe siècle on pouvait encore croire à un progrès moral indéfini; au xxe siècle ce fut le réveil brutal, il fallut se rendre à l’évidence qu’on ne peut améliorer l’homme en se contentant de la surface tout en détruisant les fondements.”

Frithjof Schuon (1907–1998) métaphysicien, théologien et philosophe suisse

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“Devise de roi dont la traduction et le sens demeurent incertains mais elle insisterait sur la supériorité de celui-ci.”

Louis XIV (1638–1715) roi de France et de Navarre de 1643 à 1715

NEC PLURIBUS IMPAR

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“Nulle société ne peut exister sans échange, nul échange sans mesure commune, et nulle mesure commune sans égalité.”

Jean-Jacques Rousseau (1712–1778) philosophe, compositeur et critique musical genevois

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“Il y a dans toute société deux valeurs qui ont un prix de sang : la liberté et la vérité.”

Jean-Marie Adiaffi (1941–1999) écrivain ivoirien

Les naufragés de l’intelligence , 2000

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