Eugène Ionesco citations

Page 2

“Je ne fais pas de la littérature. Je fais une chose tout à fait différente; je fais du théâtre.”

“La pénicilline et la lutte contre l'alcoolisme sont bien plus efficaces que les changements de gouvernements.”

“Rhinocéros, Eugène Ionesco

Le Vieux Monsieur et le Logicien vont s’asseoir à l’une des tables de la terrasse, un peu à droite et derrière Jean et Bérenger.
Bérenger, à Jean : Vous avez de la force.
Jean : Oui, j’ai de la force, j’ai de la force pour plusieurs raisons. D’abord, j’ai de la force parce que j’ai de la force, ensuite j’ai de la force parce que j’ai de la force morale. J’ai aussi de la force parce que je ne suis pas alcoolisé. Je ne veux pas vous vexer, mon cher ami, mais je dois vous dire que c’est l’alcool qui pèse en réalité.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatre pattes. Donc Isidore et Fricot sont chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Mon chien aussi a quatre pattes.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Alors c’est un chat.
Bérenger, à Jean : Moi, j’ai à peine la force de vivre. Je n’en ai plus envie peut-être.
Le Vieux Monsieur, au Logicien après avoir longuement réfléchi : Donc logiquement mon chien serait un chat.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Logiquement, oui. Mais le contraire est aussi vrai.
Bérenger, à Jean : La solitude me pèse. La société aussi.
Jean, à Bérenger : Vous vous contredisez. Est-ce la solitude qui pèse, ou est-ce la multitude? Vous vous prenez pour un penseur et vous n’avez aucune logique.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : C’est très beau la logique.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : A condition de ne pas en abuser.
Bérenger, à Jean : C’est une chose anormale de vivre.
Jean : Au contraire. Rien de plus naturel. La preuve : tout le monde vit.
Bérenger : Les morts sont plus nombreux que les vivants. Leur nombre augmente. Les vivants sont rares.
Jean : Les morts, ca n’existe pas, c’est le cas de le dire!… Ah! ah!… (Gros rire) Ceux-là aussi vous pèsent? Comment peuvent peser des choses qui n’existent pas?
Bérenger: Je me demande moi-même si j’existe!
Jean, à Bérenger : Vous n’existez pas, mon cher, parce que vous ne pensez pas! Pensez, et vous serez.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Autre syllogisme : tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat.
Le Vieux Monsieur : Et il a quatre pattes. C’est vrai, j’ai un chat qui s’appelle Socrate.
Le Logicien : Vous voyez…
Jean, à Bérenger : Vous êtes un farceur, dans le fond. Un menteur. Vous dites que la vie ne vous intéresse pas. Quelqu’un, cependant, vous intéresse!
Bérenger : Qui?
Jean : Votre petite camarade de bureau, qui vient de passer. Vous en êtes amoureux!
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Socrate était donc un chat!
Le Logicien : La logique vient de nous le révéler.
Jean : Vous ne vouliez pas qu’elle vous voie dans le triste état où vous vous trouviez. Cela prouve que tout ne vous est pas indifférent. Mais comment voulez-vous que Daisy soit séduite par un ivrogne?
Le Logicien : Revenons à nos chats.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Je vous écoute.
Bérenger, à Jean : De toute façon, je crois qu’elle a déjà quelqu’un en vue.
Jean, à Bérenger : Qui donc?
Bérenger, à Jean : Dudard. Un collègue du bureau : licencié en droit, juriste, grand avenir dans la maison, de l’avenir dans le cœur de Daisy, je ne peux pas rivaliser avec lui.
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Le chat Isidore a quatre pattes.
Le Vieux Monsieur : Comment le savez-vous?
Le Logicien : C’est donné par hypothèse.
Bérenger, à Jean : Il est bien vu par le chef. Moi, je n’ai pas d’avenir, pas fait d’études, je n’ai aucune chance.
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ah! par hypothèse!
Jean, à Bérenger : Et vous renoncez, comme cela…
Bérenger, à Jean : Que pourrais-je faire?
Le Logicien, au Vieux Monsieur : Fricot aussi a quatre pattes. Combien de pattes auront Fricot et Isidore?
Le Vieux Monsieur, au Logicien : Ensemble ou séparément?
Jean, à Bérenger : La vie est une lutte, c’est lâche de ne pas combattre!”

“Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux.”

“Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s'ils ne peuvent pas guérir ensemble. Le commandant d'un bateau périt avec le bateau, dans les vagues. Il ne lui survit pas.”

“Je préfère la vie à la mort, exister à ne pas exister, car je ne suis pas sûr d'être une fois que je n'existerai plus”

“Ne m'envoie plus ouvrir la porte. Tu as vu que c'était inutile. L'expérience nous apprend que lorsqu'on entend sonner à la porte, c'est qu'il n'y a jamais personne.”

“Je meurs, vous entendez, je veux dire que je meurs, je n'arrive pas à le dire, je ne fais que de la littérature.”

“C'est pour cela que les jeunes se suicident ou qu'on les tue. Ainsi on les cloue dans leur jeunesse pour toujours, dans les panoplies de l'éternité.”

“Assassin! Misérable! Tu m'as tuée et maintenant tu ne veux pas que je m'empoisonne!”

“C'est une précaution inutile, mais absolument nécessaire.”

“Mme Martin: Quelle est la morale?
Le Pompier: C'est à vous de la trouver.”

“Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi à la rubrique de l'état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l'âge des personnes décédées et jamais celui des nouveaux-né? C'est un non-sens.”

“Prier le Je Ne Sais Qui
J'espère : Jesus-Christ.”

“Où il n’y a pas d’humour, il n’y a pas d’humanité, où il n’y a pas d’humour, il y a le camp de concentration.”

“I still forget, sometimes, that I am no longer 12 years old.”

“A work of art really is above all an adventure of the mind.”

“We moved back to Romania when I was thirteen, and my world was shattered. I hated Bucharest, its society, and its mores — its anti-Semitism for example. I was not Jewish, but I pronounced my r’s as the French do and was often taken for a Jew, for which I was ruthlessly bullied.… It was the time of the rise of Nazism and everyone was becoming pro-Nazi — writers, teachers, biologists, historians … It was a plague! They despised France and England because they were yiddified and racially impure.”

“I have always regretted having gotten involved with literature up to my neck. I would have preferred to have been a monk; but, as I said, I was torn between wanting fame and wishing to renounce the world. The basic problem is that if God exists, what is the point of literature? And if He doesn’t exist, what is the point of literature? Either way, my writing, the only thing I have ever succeeded in doing, is invalidated.”

“It was quite fashionable to poke fun at Hugo. You remember Gide’s “Victor Hugo is the greatest French poet, alas!” or Cocteau’s “Victor Hugo was a madman who thought he was Victor Hugo.” Anyway, I hated rhetoric and eloquence. I agreed with Verlaine, who said, “You have to get hold of eloquence and twist its neck off!” Nonetheless, it took some courage. Nowadays it is common to debunk great men, but it wasn’t then.”

“None of us would have written as we do without surrealism and dadaism. By liberating the language, those movements paved the way for us.”

“Pray to the I don't-know-who
I hope : Jesus Christ.”

“It's not a certain society that seems ridiculous to me, it's mankind.”

“We are all Victims of Duty.”

“Oh words, what crimes are committed in your name!”

“I am not capitulating.”

“I have no ideas before I write a play. I have them when I have finished it … I believe that aritistic creation is spontaneous. It is for me.”

“There are now many invisible people on stage.”

“You can stay in society and be alone, as long as you can be detached from the world. This is why I don’t think I have ever gone for the easy option or done things that were expected of me.”

“We exist on several different planes, and when we said nothing had any reason we were referring to the psychological and social plane.”

“Logician: A cat has four paws.
Old Gentleman: My dog had four paws.
Logician: Then it's a cat.
Old Gentleman: So my dog is a cat?
Logician: And the contrary is also true.”

“Remembrance of Things Past is too long and difficult, and what is interesting is the seventh volume, Time Regained. Otherwise, Proust’s work is concerned with irony, social criticism, worldliness, and the passage of time, which are not my preoccupations.”

“All the plays that have ever been written, from ancient Greece to the present day, have never really been anything but thrillers…
Drama's always been realistic and there's always been a detective about…
Every play's an investigation brought to a successful conclusion.”

“People who don’t read are brutes. It is better to write than to make war, isn’t it?”

“It isn't what people think that's important, but the reason they think what they think.”

“I didn't mean you were stupid. It's just that you're not logical, which isn't the same thing at all.”

“The purpose of the Collège was the demolition of culture, even of surrealism, which they considered too organized. But make no mistake, these people were graduates of the Ecole Normale Supérieure and highly cultured. Their method was based on puns and practical jokes—le canular. There is a great tradition of puns in Anglo-Saxon literature — Shakespeare, Alice in Wonderland — but not in French. So they adopted it. They believed that the science of sciences is the pataphysique and its dogma, le canular.”

“Good men make good rhinoceroses, unfortunately.”

“My work has been essentially a dialogue with death, asking him, “Why? Why?” So only death can silence me. Only death can close my lips.”

“The Pataphysique is not dead. It lives on in the minds of certain men, even if they are not aware of it. It has gone into “occultation,” as we say, and will come back again one day.”

“God is dead. Marx is dead. And I don’t feel so well myself.”

“But History was against me. History is right, objectively speaking. I'm just a historical dead end. I hope at least that my fate will serve as an example to you all and to posterity.”

“Everything that has been will be, everything that will be is, everything that will be has been.”