Anaïs Nin citations

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“Si je ne faisais rien de bon, je méritais d'être pendue; ce travail était nourri du journal de toute une vie, un véritable presse-citron, qui sait rejeter les pépins et l'écorce.”

“Elle me dit, tout en me fixant : « Je croyais que vos yeux étaient bleus. Ils sont étranges et beaux — gris et or, avec ces longs cils noirs. »”

“Nous marchons un peu ensemble, puis nous nous séparons, tous deux fâchés, presque sans un mot. Je le vois s'éloigner sans but, avec désolation. Je traverse la rue et j'entre au Printemps. Je me dirige vers le rayon des bijoux — colliers, bracelets, boucles d'oreilles, qui me fascinent toujours. Je reste devant, comme une sauvage éblouie. Scintillement. Améthyste. Turquoise. Coquillage rose. Marbre vert d'Irlande. J'aimerais être nue et me couvrir de bijoux en cristal. Bijoux et parfum. Je remarque deux bracelets d'acier, larges et plats. Des menottes. Je suis l'esclave des bracelets. Ils sont vite autour de mes poignets. Je paie. J'achète du rouge à lèvres, de la poudre, du vernis à ongles. Je ne pense pas à Eduardo. Je vais chez le coiffeur où je peux rester assise, gelée. J'écris avec un poignet cerclé d'acier.”

“Elle a été créée pour aller jusqu'au bout de tout. Je vénère sa capacité à faire du mal et je suis prête à être la victime. Elle m'ajoutera à tout ce qu'elle est déjà. Elle sera June plus tout ce que je suis.”

“Nos conversations sont merveilleuses, du théâtre à deux, non des duels, mais de fulgurantes illuminations de chacun. Je peux servir de déclencheur à certaines de ses pensées encore imprécises. Il élargit ma propre pensée. Je le fais prendre feu. Il me change en eau. Il y a un mouvement constant entre nous. Et il s'accroche. Il me tient en main comme une proie.”

“Je me fatigue, parce que tout me touche et me bouleverse. Je ne suis jamais indifférente.
Toute
personne que je rencontre m'atteint dans mes sentiments. Il faut toujours que je me mêle des vies brisées.”

“Je me fatigue, parce que tout me touche et me bouleverse. Je ne suis jamais indifférente. Toute personne que je rencontre m'atteint dans mes sentiments. Il faut toujours que je me mêle des vies brisées.”

“Hugo et moi sommes allés dans un autre bordel, où les femmes étaient plus laides que celles du 32, rue Blondel. La pièce était couverte de miroirs. Les femmes se déplaçaient comme un troupeau d'animaux passifs, deux par deux, en se dandinant, sur la musique du phonographe. Je m'étais fait beaucoup d'idées avant de venir. Je n'arrivais pas à croire à la laideur de ces femmes lorsqu'elles sont entrées. Dans mon esprit, la danse de femmes nues était encore un spectacle plein de beauté et de volupté. En voyant tous ces seins tombant avec leurs gros mamelons marron comme du cuir, en voyant ces jambes bleuâtres, ces ventres proéminents, des sourires où il manquait des dents et ces amas de chair brute tournoyant passivement, tels des chevaux de bois sur un manège, j'ai perdu toute sensibilité […]. Les poses monotones se succédaient et, de temps à autre, sans le moindre signe de désir, les femmes s'embrassaient entre elles sans passion, asexuées. Hanches, fesses rebondies, mystérieuse toison sombre entre les jambes — tout cela exposé aux regards avec si peu de sens qu'il nous a fallu deux jours, à Hugo et à moi, pour dissocier mon corps, mes jambes, mes seins de ce troupeau d'animaux remuants. Ce que j'aimerais, c'est me joindre à elles un soir, marcher, nue, au milieu d'elles dans la pièce, regarder les hommes et les femmes assis là et observer leurs réactions au moment où j'apparais, moi, l'intruse.”

“Au café, je vois comme des cendres sous sa peau. Désintégration. J'éprouve une terrible angoisse. J'ai envie de la prendre dans mes bras. Je la sens glisser vers la mort et j'ai envie d'entrer dans le royaume de la mort pour la suivre, pour l'embrasser. Elle est entrain de mourir sous mes yeux. Sa sombre beauté, si cruellement attirante, est en train de mourir. Sa force étrange, presque virile.”

“En montant au premier étage pour déposer son manteau, elle s'est arrêtée une seconde à mi-chemin, à l'endroit où la lumière faisait ressortir sa beauté contre le mur turquoise. Chevelure blonde, visage blême, sourcils pointus de démon, sourire cruel avec une fossette désarmante. Perfide, infiniment désirable, m'attirant à elle comme si elle m'attirait vers la mort.”

“Je ne peux rien avaler en sa présence. Extérieurement, je suis calme, avec cette placidité orientale si trompeuse. Elle boit et elle fume. En un sens, elle est complètement folle, sujette à des peurs et des passions incontrôlées. Sa conversation, essentiellement inconsciente, serait très révélatrice pour un analyste, mais je suis incapable d'analyse. Ce sont surtout des mensonges. Pour elle, tout ce qu'elle imagine devient réalité. Mais que construit-elle avec tant de soin? Essaie-t-elle de gonfler, de fortifier, de glorifier sa personnalité? Dans la douce chaleur de mon admiration, elle s'épanouit.”

“Elle a l'air à la fois destructrice et désemparée. J'ai envie de la protéger. Quelle plaisanterie! Moi, la protéger, elle, dont le pouvoir est infini! Son pouvoir est si fort que je la crois vraiment lorsqu'elle me dit qu'elle détruit sans le faire exprès. A-t-elle essayé de me détruire? Non, elle a pénétré chez moi et j'ai tout de suite été prête à tout supporter d'elle. S'il y a en elle le moindre calcul, il n'intervient qu'après coup, lorsqu'elle prend conscience de son pouvoir et se demande comment elle pourrait s'en servir. Je ne pense pas que sa capacité à faire du mal soit délibérément orientée. Elle peut elle-même en être la victime.”

“L'amour ne meurt jamais d'une mort naturelle. Il meurt parce que nous ne savons pas comment en reconstituer la source. Il meurt d'aveuglement et d'erreurs et de trahisons. Il meurt de maladie et de blessures; il meurt de fatigue, de dépérissement, de ternissure.”

“You are so terribly nimble, so clever. I distrust your cleverness. You make a wonderful pattern, everything is in its place, it looks convincingly clear, too clear. And meanwhile, where are you? Not on the clear surface of your ideas, but you have already sunk deeper, into darker regions, so that one only thinks one has been given all your thoughts, one only imagines you have emptied yourself in that clarity. But there are layers and layers — you're bottomless, unfathomable. Your clearness is deceptive. You are the thinker who arouses most confusion in me, most doubt, most disturbance.”

“For me, the adventures of the mind, each inflection of thought, each movement, nuance, growth, discovery, is a source of exhilaration.”

“Everything but happiness is neurosis.”

“I need a place where I can shout and weep. I have to be a Spanish savage at some time of the day. I record here the hysteria life causes in me. The overflow of an undisciplined extravagance. To hell with taste and art, with all contractions and polishings. Here I shout, I dance, I weep, I gnash my teeth, I go mad — all by myself, in bad English, in chaos. It will keep me sane for the world and for art.”

“Because so many of our writers were born in ugly environments, in monstrous poverty and humilitation, they continue to assert that this is the natural environment, reality, and that beauty is artifice. Why should the natural state be ugliness? Natural to whom? We may be born in ugliness, but the natural consequences should be a thirst for its opposite. To mistake ugliness for reality is one of the frauds of the realistic school. A hunger for the unknown, and an aspiration towards beauty were inseparable from civilization. In America the word art was distorted to mean artificial.
We are born with the power to alter what we are given at birth.
When the Japanese paint flowers or the sea on a kimono they mean to establish a link with nature. But they select only what is beautiful in nature to maintain their love of life.
The creative personality never remains fixed on the first world it discovers. It never resigns itself to anything. That is the deepest meaning of rebellion, not the wearing of different clothes, haircuts, or the adopting of other cultures.”

“One handles truths like dynamite. Literature is one vast hypocrisy, a giant deception, treachery. All writers have concealed more than they revealed.
But paradoxically, we create fiction out of human concern for the victims of the revelations. This concern is at the root of literature.”

“There is not one big cosmic meaning for all, there is only the meaning we each give to our life.”