“Je ne crois pas à leurs prodigieuses prévisions. Pour autant, je ne sous-estime pas leur pouvoir de nuisance, qui est immense. Ils viennent relancer des fantasmes de superpuissance au moment même où il faudrait accepter de mettre des limites à la puissance, diviser l'humanité en castes au moment où il faudrait accepter une communauté de destin, bercer de chimères quand il faudrait se confronter à la réalité, promettre aux hommes une échappée hors d'eux-mêmes quand ils devraient avant tout se réformer pour continuer à vivre, et mieux vivre.” Olivier Rey (1964) philosophe et mathématicien français L'analyse se rapporte aux eugénistes et transhumanistes. réalité , puissance , hommes
“Moi ce que j'aime dans la vie ce sont les nuisances autorisées. Elles sont d'autant plus amusantes que les victimes n'ont pas le droit de se défendre.” Amélie Nothomb livre Cosmétique de l'ennemi Cosmétique de l'ennemi, 2001 vie
“Et, assurément, la réalité est plus sombre encore que n'osait la prévoir le savant [F. Schrader] qui formulait en 1911 ces conclusions, dont les technocrates et les promoteurs de l'époque ont dû sourire. Il ne pouvait imaginer ni les pluies acides, ni la pollution des rivières et des mers par le mercure et les autres déchets de l'industrie chimique et atomique, ou par l'élévation artificielle de la température de l'eau due aux usines riveraines. Il n'avait pas prévu que plus de deux mille espèces animales seraient exterminées avant la fin du siècle; il ne savait encore rien de l'usage des herbicides, ni des sournois dépotoirs atomiques, cachés dans des endroits écartés, quand ce n'est pas aux abords des villes, ou transportés secrètement à prix d'or pour continuer leur cycle millénaire de nuisance dans le sous-sol des continents pauvres. Il n'eût même pas été capable d'imaginer le désastre de nos marées noires, fruit de l'incurie et de l'avidité, car une construction plus solide et plus rationnelle des pétroliers obligerait à en éliminer la plupart. Il ne pouvait pas prévoir non plus la destruction de la stratosphère, la raréfaction de l'oxygène et de l'ozone, la calotte thermique obscurcissant la lumière solaire et élevant artificiellement la température au ras du sol.On voit du moins qu'il en savait assez pour signaler le chemin pris par nos apprentis sorciers et par nos marchands du Temple, qui de nos jours n'encombrent plus seulement les abords des sanctuaires mais la terre entière. Ce qu'il disait, avec quelques autres (Albert Schweitzer, un peu plus tard, en Afrique, était alerté lui aussi par les trop soudains changements de climat), nous le crions aujourd'hui. (p. 275)” Marguerite Yourcenar (1903–1987) écrivaine française Les Yeux ouverts : Entretiens avec Matthieu Galey