Citations sur compartiment

Une collection de citations sur le thème de compartiment.

Citations sur compartiment

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Ernst Jünger photo

“Au heurt syncopé, de rail en rail, des roues, vous revoyez la gare où vous avez embarqué, promise à la démolition, sa grande verrière opacifiée à force de fiente, son ballast roux qui grisonne, la crête de ses voies ternie par un voile de rouille, les trains trop rares – quelques lignes au tableau d'affichage résumant le jour entier – pour le décaper, leurs wagons verts zébrés de filets bruns au gré du ruissellement obstiné des pluies acides, tandis que par la vitre abaissée l'air changeant de la nuit s'engouffre et dans les plis de ses turbulences apporte aux narines du voyageur étendu solitaire sur sa couchette des nouvelles des paysages invisibles à travers lesquels, immobile, il est lancé : prairies condensées en effluves humides, velouté vert des sous-bois, humus, mousses, bords d'eau croupissants, goudron des routes exhalant en vapeur nocturne les vestiges de de la chaleur du jour que vous humez encore tandis qu'un train d'autrefois vous emporte dans la nuit où des mondes endormis, muets et clos roulent à rebours de sa fuite, leur lumière venant poindre jusque contre les parois du compartiment obscur, y étirant un vitrail vacillant et momentané qui luit encore après qu'ils ont disparu du pan de ciel noir qu'encadre la fenêtre : embrasements au passage des gares désertes que l'on brûle, étoiles filantes, traits qui cinglent, galopent, balaient, consument au passage la surface d'une photo noir et blanc affichée sous verre, sous clé contre la cloison et que vous vous acharnez à regarder quoiqu'elle soit invisible dans l'obscurité et illisible sitôt qu'illuminée […].”

Anne F. Garréta (1962) romancière française

La Décomposition, 1999

Paul Léautaud photo

“L'anecdote si amusante sur Tristan Bernard qu'il m'a racontée. L'été dernier, en chemin de 1er, Bernard est pris à partie par un voyageur, dans un compartiment de 26, où se trouvait également une dame, pour: ledit Bernard s'être mis à fumer une énorme pipe. Mutisme de Bernard sous les reproches. Le voyageur ne s'en échauffe que mieux, menaçant Bernard du chef de gare de la prochaine station. On y arrive, le chef est appelé, le voyageur lui explique l'inconvenance de Tristan Bernard: pas compartiment de fumeurs, pas demandé permission, etc… Là-dessus : « Demandez donc d'abord à cette dame comment il se fait qu'elle voyage en seconde avec un billet de troisième », dit Tristan Bernard au chef de gare. Celui-ci oublie l'histoire de la pipe, ne voit plus que l'intérêt de la compagnie, demande son billet à la dame, billet de troisième en effet, et la prie de descendre. Le train repart. Tristan Bernard seul maintenant avec le voyageur. Celui-ci se met à ne pas le féliciter de sa goujaterie : avoir ainsi procuré un affront à une femme… « Et d'ailleurs, lui dit-il, comment avez-vous pu savoir que cette dame voyageait avec un billet de troisième?…”

Paul Léautaud (1872–1956) écrivain français

Parce que, répond placidement Tristan Bernard, parce qu'il était de la même couleur que le mien. » Il paraît que le voyageur a été « tué ».
20 décembre 1906
Journal littéraire, Le goût pour la relation

Amin Maalouf photo

“L'identité ne se compartimente pas, elle ne se répartit ni par moitiés, ni par tiers, ni par plages cloisonnées.”

Amin Maalouf (1949) écrivain franco-libanais

In the Name of Identity: Violence and the Need to Belong