“Qui ne tourne pas le dos au monde actuel se déshonore.” Nicolás Gómez Dávila (1913–1994) Les Horreurs de la démocratie
“Il était blanc de la tête aux pieds, et il fut constamment visible, avec la forteresse de la nuit derrière lui, la mer à ses pieds, et à ses côtés la chance — toujours voilée. Que dites-vous? Était-elle toujours voilée? Je n'en sais rien. Pour moi cette silhouette blanche environnée de la paix de la côte et de la mer semblait dressée au cœur d'une vaste énigme. Le crépuscule déclinait rapidement dans le ciel au-dessus de sa tête, la bande de sable à ses pieds avait déjà sombré dans la nuit, et lui-même ne paraissait pas plus grand qu'un enfant — puis il ne fut plus qu'un point, un minuscule point blanc, qui semblait concentrer toute la lumière qui restait dans un monde enténébré… Et puis, soudain, je ne le vis plus…” Joseph Conrad Lord Jim Lord Jim, 1900
“Je suis de ceux qui préfèrent continuer à se laisser flotter sur le dos les yeux tournés vers le ciel.” Etty Hillesum (1914–1943) Une vie bouleversée, Journal 1941-1943
“[L'étoile de mer] se souvient qu'elle fut Icare et qu'elle chut à cette place même, qu'elle tenta, mais en vain, d'émerger, suscitant ainsi le mythe ridicule de la naissance profane de la déesse de l'amour et que, vaincue par la pesanteur et la crampe, elle dut se contenter d'un repos sur le sable humide des profondeurs.” Robert Desnos (1900–1945) poète français Deuil pour deuil, 1924
“[…] L'œillet de poète sacrifia les cieux pour une chevelure blonde. Le caméléon s'attarda dans une clairière pour y construire un minuscule palais de fraises et d'araignées, les pyramides d'Égypte faisaient rire les passants, car elles ne savaient pas que la pluie désaltère la terre. Enfin, le papillon d'orange secoua ses pépins sur les paupières des enfants qui crurent sentir passer le marchand de sable.” Paul Éluard livre Capitale de la douleur Capitale de la douleur, 1926
“La vie n'est pas une boîte de chocolats où je peux choisir celui que je préfère; ou alors, quelqu'un l'a remplacé pendant que j'avais le dos tourné.” Cathy Cassidy (1962) auteur de romans pour la jeunesse Coco Caramel
“Rien au monde n'est pire que des parents tournant le dos à leurs enfants. Et le plus affreux, c'est la rapidité avec laquelle les enfants oublient ces dos pour vaquer à leurs propres affaires : les jeux, les nouveaux copains, l'apprentissage de la vie et finalement la mort.” Stephen King livre Chantier Chantier, 1981
“Tu habites une forêt de verre. La mer aux lèvres minces, la mer de cinq heures du matin, scintille aux portes de ton sommeil. Lorsque tes yeux l'effleurent, son dos métallique brille comme un cimetière de cuirasses.” Octavio Paz (1914–1998) poète, essayiste et diplomate mexicain Poésie, Liberté sur parole, 1929
“Il faut toujours regarder la mer. C’est un miroir qui ne sait pas nous mentir. C’est aussi comme ça que j’ai appris à ne plus regarder derrière moi. Avant, dès que je jetais un coup d’œil par-dessus mon épaule, je retrouvais intacts mes chagrins et mes revenants. Ils m’empêchaient de reprendre goût à la vie, tu comprends? Ils gâchaient mes chances de renaître de mes cendres… […] C’est pour cette raison qu’à mon âge finissant j’ai choisi de mourir dans ma maison au bord de l’eau… Qui regarde la mer tourne le dos aux infortunes du monde. Quelque part, il se fait une raison.” Yasmina Khadra (1955) écrivain algérien L’Attentat, 2005