“[…] Je veux dire la secousse qui a éprouvé Lisbonne, en 1755.
- Excusez-moi.
- Eh bien Voltaire s'est élevé contre elle.
- C'est-à-dire… comment? Il s'est élevé?
- Il s'est révolté, oui. Il n'a pas admis cette fatalité brutale; et le fait même, il s'est refusé à abdiquer devant ce scandaleux excès de la nature dont les trois quarts d'une ville florissante et des milliers de vies humaines ont été victimes… […] L'attitude de Voltaire était celle d'un vrai descendant des ces authentiques Gaulois qui envoyaient leurs flèches contre le ciel… Voyez-vous, ingénieur, voilà bien l'hostilité de l'esprit contre la nature, sa fière méfiance envers elle, sa noble obstination dans le droit à la critique à l'égard de cette puissance mauvaise et contraire à la Raison. Car la nature est une puissance et c'est se montrer servile que d'accepter la puissance […].”

The Magic Mountain

Dernière mise à jour 26 novembre 2023. L'histoire

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“On a beau me dire que c'est en moi ce coupe-gorge, je participe à la vie, je représente la fatalité qui m'élit.”

Antonin Artaud (1896–1948) écrivain et poète français

Fragments d'un journal d'enfer, 1929

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“La vie dont nous parlons ne se confond donc pas avec l'objet d'un savoir scientifique, objet dont la connaissance serait réservée à ceux qui sont en possession de ce savoir et qui ont dû l'acquérir. Bien plutôt est-elle ce que tout le monde sait, étant cela même que nous sommes. Mais comment « tout le monde », c'est-à-dire chacun de nous en tant qu'il est un vivant, peut-il savoir ce qu'est la vie, sinon dans la mesure où la vie se sait elle-même et où ce savoir originel de soi constitue son essence propre ? Car la vie se sent et s'éprouve soi-même en sorte qu'il n'y a rien en elle qu'elle n'éprouve ni ne sente. Et cela parce que le fait de se sentir soi-même est justement ce qui fait d'elle la vie. Ainsi tout ce qui porte en soi cette propriété merveilleuse de se sentir soi-même est-il vivant, tandis que tout ce qui s'en trouve dépourvu n'est que de la mort. La pierre, par exemple, ne s'éprouve pas soi-même, on dit que c'est une « chose .»”

Michel Henry (1922–2002) philosophe français

La terre, la mer, les étoiles sont des choses. Les plantes, les arbres, les végétaux en général sont également des choses, à moins qu'on ne fasse apparaître en eux une sensibilité au sens transcendantal, c'est-à-dire cette capacité de s'éprouver soi-même et de se sentir soi-même qui ferait justement d'eux des vivants -- non plus au sens de la biologie mais au sens d'une vie véritable, laquelle est la vie phénoménologique absolue dont l'essence consiste dans le fait même de se sentir ou de s'éprouver soi-même et n'est rien d'autre --, ce que nous appellerons encore une subjectivité.
Livres sur la culture et la barbarie, La Barbarie, 1987

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