“Je ne considère les souffrances et les joies d'autrui que par rapport à moi-même, en tant que nourriture qui soutient les forces de mon âme. Moi-même, je ne suis pas capable d'aller jusqu'à la folie sous l'emprise de la passion. L'ambition chez moi est assujettie aux circonstances, mais elle s'est manifestée sous un autre aspect; car l'ambition n'est rien d'autre qu'une soif de puissance; or mon plaisir principal est de soumettre tout ceux qui m'entourent à ma volonté. Éveiller les sentiments d'amour, de fidélité ou de crainte, n'est-ce pas là les signes premiers et le grand triomphe d'un pouvoir absolu? Être pour une personne la cause de souffrances ou de joies, sans avoir sur elle aucun droit positif, n'est-ce pas là un aliment délicieux pour notre orgueil? Et qu'est-ce que le bonheur? Un orgueil rassasié! Si je me considérait comme l'être le meilleur, le plus puissant du monde, je serais heureux; si tout m'aimaient, je trouverais en moi d'infinies sources d'amour. Le mal enfante le mal. La première souffrance nous donne le secret du plaisir de torturer autrui. L'idée du mal ne peut entrer dans la tête d'un homme sans qu'il ait le désir de l'appliquer à la réalité.”

A Hero of Our Time

Dernière mise à jour 21 mai 2020. L'histoire

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“C’est à Ibn ‘Arabi que l’on attribue le rôle le plus éminent dans cette interprétation de plus en plus approfondie du principe féminin. Pour lui non seulement la nafs [âme] est féminine – comme c’est le cas généralement – mais aussi dhât, « essence divine », de sorte que la féminité, dans son œuvre, est la forme sous laquelle Dieu se manifeste le mieux (…) cette phrase savant exprime, en effet, parfaitement le concept d’Ibn ‘Arabi puisqu’il écrit au sujet de sa compréhension du divin :
« Dieu ne peut être envisagé en dehors de la matière et il est envisagé plus parfaitement en la matière humaine que dans toute autre et plus parfaitement en la femme qu’en l’homme. Car Il est envisagé soit comme le principe qui agit soit comme le principe qui subit, soit comme les deux à la fois (…) quand Dieu se manifeste sous la forme de la femme Il est celui qui agit grâce au fait qu’Il domine totalement l’âme de l’homme et qu’Il l’incite à se donner et à se soumettre entièrement à Lui (…) c’est pourquoi voir Dieu dans la femme signifie Le voir sous ces deux aspects, une telle vision est plus complète que de Le voir sous toute autre forme par laquelle Il se manifeste. »
(…)
Des auteurs mystiques postérieurs à Ibn ‘Arabi développèrent ses idées et représentèrent les mystères de la relation physique entre l’homme et la femme par des descriptions tout à fait concrètes. L’opuscule du soufi cachemirien Ya’qub Sarfi (mort en 1594), analysé par Sachiko Murata, en est un exemple typique; il y explique la nécessité des ablutions complètes après l’acte d’amour par l’expérience « religieuse » de l’amour charnel : au moment de ce plaisir extatique extrême – le plus fort que l’on puisse imagine et vivre – l’esprit est tant occupé par les manifestations du divin qu’il perd toute relation avec son corps. Par les ablutions, il ramène ce corps devenu quasiment cadavre à la vie normale.
(…)
On retrouve des considérations semblables concernant le « mystère du mariage » chez Kasani, un mystique originaire de Farghana (mort en 1543). Eve, n’avait-elle pas été créée afin que « Adam pût se reposer auprès d’elle », comme il est dit dans le Coran (sourate 7:189)? Elle était le don divin pour le consoler dans sa solitude, la manifestation de cet océan divin qu’il avait quitté. La femme est la plus belle manifestation du divin, tel fut le sentiment d’Ibn ‘Arabi.”

Annemarie Schimmel (1922–2003)

My Soul Is a Woman: The Feminine in Islam

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“Personne n’ignore qu’il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l’âme, qui sont ses deux principales puissances, l’entendement et la volonté.”

Blaise Pascal (1623–1662) mathématicien, physicien, inventeur, écrivain et philosophe chrétien français (XVIIe siècle)

De L’art de persuader

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