A quelque amant néronien caché sous le felze, Venise offrira dans une heure le spectacle d’une ville délirante qui s’incendie.
Stelio sourit en remarquant à quel point ses familiers s’étaient imprégnés de son essence et combien profondément le sceau de son style s’était imprimé sur leurs esprits. Subitement s’offrit à son désir l’image de la Foscarina empoisonnée par l’art, chargée d’expérience voluptueuse, ayant le goût de la maturité et de la corruption dans sa bouche éloquente, ayant l’aridité de la vaine fièvre dans ses mains qui avaient exprimé le suc des fruits fallacieux, gardant les vestiges de cent masques sur ce visage qui avait simulé la fureur des passions mortelles. C’était ainsi que se la représentait son désir ; et il palpitait à la pensée que, tout à l’heure, il la verrait émerger de la foule comme de l’élément dont elle était l’esclave, et qu’il puiserait dans le regard de cette femme l’ivresse nécessaire.
Romans, Le Feu, 1900
“C'est l'heure où, dans la nuit, les mâchoires délicates s'accouplent à nos gueules, o poètes!”
Deuil pour deuil, 1924
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Dernière mise à jour 26 novembre 2023.
L'histoire
Citations similaires
Gabriele d'Annunzio
livre
Le Feu
Pierre Bergounioux
(1949) écrivain français
“Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure.”
Guillaume Apollinaire
(1880–1918) poète français