“Pourtant, les années s’ajoutant aux années, la fatigue était venue, une fatigue écrasante, comme celle du fantassin qui s’endort en marchant et continue quelques pas encore sur sa lancée, la tête déjà pleine de rêves.” Julien Gracq livre La Presqu'île La Presqu'île, 1970
“Le monde ne parle pas, songea-t-il, mais à certaines minutes, on dirait qu’une vague se soulève du dedans et vient battre tout près, étendue, amoureuse, contre sa transparence, comme l’âme monte quelquefois au bord des lèvres.” Julien Gracq livre La Presqu'île La Presqu'île, 1970
“La sensation particulière aux mauvais rêves où on se fourvoie, tandis que l’heure s’écoule impitoyable, de plus en plus loin du rendez-vous où on vous attendait de toute urgence, rôdait sur ces solitudes revêches. Il se sentit un moment étrangement rejeté. Il regardait des deux côtés du chemin défiler les champs de choux, les mares, les haies sans oiseaux – une terre sans accueil qui se recouchait, qui semblait maussadement retirer sa promesse.” Julien Gracq livre La Presqu'île La Presqu'île, 1970
“Irmgard était déjà là – mieux que présente, disponible – puiqu’il allait pouvoir peupler à l’aise, loin d’elle, son après-midi de tout un affairement précurseur, border partout et de si près son absence qu’elle en deviendrait plus vivante qu’elle.” Julien Gracq livre La Presqu'île La Presqu'île, 1970