“Un autre exemple de fausse psychologie de nos « bureaux arabes ». Nous avons, pour les élections en Algérie, recours à l'influence des congrégations musulmanes sur la masse des électeurs illettrés. Cette politique de corruption est publique et compromet à la longue certaines vedettes précieuses.
L'administration se dit alors dans sa sollicitude : il y a un moyen, pour les musulmans, d'être absous de leurs péchés, c'est d'aller à La Mecque. Nous leur paierons le voyage. Ils rempliront leurs devoirs coraniques; ils nous reviendront absous, la conscience blanche comme neige. Ils pourront recommencer à notre service; nous aurons donc double bénéfice.

Mais un des derniers bénéficiaires de ce système ingénieux vient de le gâcher et nous a forcés, en revenant de La Mecque, à payer la scolarité d'un de ses fils à al-Azhar « pour se racheter » aux yeux de l'Islam anticolonialiste. Cet homme nous aura coûté fort cher pour aboutir au mépris réciproque et définitif.
[L'Occident devant l'Orient. Primauté d'une solution culturelle. In: Politique étrangère, n°2 - 1952 - 17ᵉannée. pp. 13-28]”

Dernière mise à jour 2 juillet 2022. L'histoire

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“Ce qui me frappe, dans l'appréhension que l'on a de l'affaire algérienne, c'est qu'on oublie qu'elle a été, avant tout, une guerre civile entre musulmans, et que ceux que nous appelions, à l'époque, les Français musulmans en ont été les premières victimes. Le FLN a réussi à étendre son emprise sur les campagnes et dans les villes par des méthodes bien connues, qu'on peut, pour faire bref, appeler terroristes et staliniennes, comme nous en avons été les témoins. […] nous avons traversé des villages où nous avons vu des hommes égorgés, émasculés, défigurés, parce qu'on les avait soupçonnés d'être pro-français. Il s'agissait de Français musulmans, qui avaient été tués de manière atroce par d'autres Français musulmans : tel a été notre premier contact physique avec la rébellion. Bien entendu, les pieds-noirs ont été, eux aussi, les cibles de ce terrorisme. Mais la vision que l'on peut avoir, en parcourant les journaux aujourd'hui, et qui donne le sentiment que la guerre d'Algérie opposait les pieds-noirs et l'armée au peuple algérien, est profondément biaisée. Sur le terrain, ce n'était pas du tout cela : c'était une guerre entre Français, dont les principales victimes ont été les Français musulmans. Il faut donc y insister : la guerre d'Algérie a été une guerre civile entre Français musulmans, ceux qui voulaient séparer l'Algérie de la France, et ceux qui voulaient sortir de la situation coloniale par le haut, et faire en sorte que cette terre puisse abriter ensemble et faire coexister en paix sous l'égide de la France les fidèles de la Bible, du Talmud et du Coran.”

Hélie de Saint Marc (1922–2013) officier français

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