“L’art de l’Islam allie la profusion joyeuse de la végétation avec la rigueur abstraite et pure des cristaux : une niche de prière ornée d’arabesques tient du jardin et des flocons de neige. Ce mélange de qualités se rencontre déjà dans le Koran, où la géométrie des idées est comme cachée sous le flamboiement des formes.
L’Islam, par sa hantise de l’Unité, si l’on peut dire, a aussi un aspect de simplicité désertique, de blancheur et d’austérité, qui dans l’art alterne avec la joie cristalline de l’ornementation. Le berceau des Arabes est un paysage fait de déserts et d’oasis.
L’art musulman montre d’une façon très transparente comment l’art doit répéter la nature – au sens le plus vaste – dans ses modes créateurs sans la copier dans ses résultats.”

Spiritual Perspectives And Human Facts

Dernière mise à jour 22 mai 2020. L'histoire
Frithjof Schuon photo
Frithjof Schuon 173
métaphysicien, théologien et philosophe suisse 1907–1998

Citations similaires

Titus Burckhardt photo

“[…] un art sacré n’est pas nécessairement fait d’images, même pas au sens le plus large du terme. Il peut n’être que l’extériorisation pour ainsi dire muette d’un état contemplatif et, dans ce cas ou sous ce rapport, il ne reflétera pas des idées mais il transformera l’environnement qualitativement, en le faisant participer à un équilibre dont le centre de gravité est l’invisible. Il est facile de constater que telle est la nature de l’art islamique : son objet est avant tout l’environnement de l’homme – d’où le rôle dominant de l’architecture – et sa qualité est essentiellement contemplative. L’aniconisme n’amoindrit pas cette qualité, bien au contraire, car en excluant toute image qui invite l’homme à fixer son esprit sur quelque chose en dehors de lui-même, à projeter son âme en une forme « individualisante », il crée un vide. A cet égard, la fonction de l’art islamique est analogue à celle de la nature vierge – notamment du désert – qui favorise aussi la contemplation bien que, sous un autre angle, l’ordre créé par l’art s’oppose au chaos du paysage désertique.
La prolifération de l’ornement dans l’art musulman ne contredit pas cette qualité de vide contemplatif. Au contraire, l’ornement à formes abstraites la corrobore par son rythme continu ou son caractère de tissage sans fin : au lieu de capter l’esprit et de l’entraîner dans quelque monde imaginaire, il dissout les « fixations » mentales, de même que la contemplation d’un cours d’eau, d’une flamme ou d’un feuillage frémissant dans le vent peut détacher la conscience de ses « idoles » intérieures.”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Art Of Islam: Language And Meaning

Titus Burckhardt photo
Olivier Roy photo
Titus Burckhardt photo

“Lorsque la demeure islamique se remplit d’images et d’objets distrayants, et que l’on marche avec des souliers sur les tapis et les nattes, qui normalement sont réservés à la prière, l’unité de la vie islamique est rompue, et il en va de même quand les vêtements que l’on porte dans la vie courante ne sont plus adaptés aux rites de la shariah.
A ce propos, il faut remarquer que l’art islamique ayant pour fonction essentielle de créer un cadre pour l’homme qui prie, le vêtement y occupe un rang qui n’est pas négligeable, comme le rappelle ce verset : « O fils d’Adam, revêtez vos parures (zeynatakum) en vous approchant d’une mosquée » (Coran, VII, 31). Le costume masculin des peuples de l’Islam comprend une multitude de formes, mais il exprime toujours le double rôle que cette tradition impose à l’homme : celui de représentant et de serviteur de Dieu. De ce fait, il est à la fois digne et sobre, nous dirions même majestueux et pauvre en même temps. Il recouvre l’animalité de l’homme, rehausse ses traits, tempère ses mouvements, et facilite les différentes postures de la prière. Le vêtement européen moderne, au contraire, ne fait que souligner le rang social de l’individu, tout en niant la dignité primordiale de l’homme, celle qui lui fut octroyée par Dieu.
"Valeurs pérennes de l’art islamique”

Titus Burckhardt (1908–1984)

Mirror of the Intellect: Essays on the Traditional Science and Sacred Art

Titus Burckhardt photo
Marcel Lefebvre photo
Guillaume Apollinaire photo
Titus Burckhardt photo

“L'Islam, ce communisme du désert.”

Maurice G. Dantec (1959–2016) écrivain français naturalisé canadien

American black box. Le Théâtre des opérations 3, 2002-2006

Ernest Renan photo

Avec